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Goldorothée – Tout est affaires (extraits)

Télérama – 14 septembre 1988

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Dorothée n'a pas de pitié pour les croissants. En aurait-elle davantage pour les enfants qui la dévorent 1200 heures par an ?  « Attention danger », son dernier disque, les aura pourtant prévenus.
Cette année-là - 1976- Jean-Luc Azoulay était jaune comme un citron. Hépatite virale avait diagnostiqué le docteur, prescrivant au même coup deux mois de repos compet. Manager de Sylvie Vartan et depuis peu, propriétaire d’une’ maison de disques (AB Productions), Azoulay est un garçon débordant d'idées et d'énergie.
 

Comme Dorothée l'avoue à plusieurs reprises dans les interviews, elle n'a rien ni personne d'autre dans la vie que le travail. Elle est débordée ? Tant mieux. Ça évite de s’angoisser et de se poser trop de problèmes... D'ailleurs, il n'est pas question, du moins pas encore, de laisser tomber « maman Joubert » à qui elle doit tout. C'est elle en effet qui l'a « découverte » dans un concours de théâtre inter lycées en 1973. Durant près de dix ans, Frédérique Hoshédé (son vrai nom poursuit sa double carrière de vedette/animatrice, s'entourant de toute une bande de copains, tel l'affreux Jacky ou le dessinateur Cabu, qui rendra son nez presque aussi célèbre que celui de Cléopâtre.
Les enfants adorent. Jacqueline Joubert jubile et la critique est unanime à saluer en Récré A2 une émission de qualité. Et puis c'est la privatisation de TF1. Tel Marlon Brando dons Le Parrain, Francis Bouygues fait à Dorothée « une proposition qu’elle ne peut refuser ». Pour commencer, il la nomme responsable des émissions jeunesse sur TF1 et lui confie le soin de remplir 1200 heures ce programme par an !
Elle veut travailler avec AB Productions ? Qu’à cela ne tienne, Bouygues tient trop à elle pour

Grâce au savoir-faire ce Dorothée et de ses petits copains d'Antenne 2 qui l'ont suivie sur la Une, « Ils ont failli me laisser sur la paille », se plant Jacqueline Joubert, furieuse de cette trahison, l'équipe d'AB concocte, en moins de deux, un programme hebdomadaire taillé sur mesure pour leur patronne/copine.

Le niveau n'est pas toujours très élevé et que les gags sonnent parfois un peu faux. « Je n'arrive pas à trouver d’auteurs, se lamente Azoulay qui avoue être « obligé » en plus de tout son travail, de pondre chaque semaine les quarante pages de « Pas de pitié pour les croissants ». La journée du mercredi pose moins de problèmes de création : presque huit heures de direct-un vrai marathon pour Dorothée et son équipe — où sont proposés pêle-mêle des jeux, des séquences d'humour, des rubriques « culturels », des chansons (essentiellement celles de Dorothée) et, bien entendu, les inévitables japoniaiseries sidérales ou... sidérantes de nunucherie larmoyante. Lorsqu'on lui en fait la remarque, Dorothée ouvre des yeux ronds comme Candy : « Ah bon ? Vous n'aimez pas ? Moi je trouve que ces dessins animés mettent en avant des sentiments très nobles comme l'amitié, l'honnêteté... ces sentiments auxquels je crois moi-même énormément... »


Cela ne l'empêche pas, Dorothée, de rêver à des séries françaises. Mais, constate-t-elle avec tristesse, ça coûte très cher et, de plus, la France est très en retard techniquement. Et puis, mais cela Dorothée semble l'ignorer totalement, la rance n'a pas toute l'infrastructure des fabricants de jouets japonais.

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