top of page

TF1 mise gros sur la carte Dorothée

La lettre de l’audiovisuel – 5 juin 1987

1987 - TF1 mise gros sur la carte Dorothée.png

Cependant que l'intégration de Dominique Cantien comme responsable des variétés de TF1 pose déjà quelques problèmes (elle rencontre des difficultés à définir une politique et à retenir des projets d'émissions dans ce secteur), les nouveaux dirigeants de la Une paraissent tenir une meilleure main avec le choix de Dorothée, sur laquelle va reposer les programmes jeunesse de la chaîne.
Son transfert d'A2 à TF1 a fait moins de bruit que celui d'autres vedettes de l'antenne. Il est vrai qu'annoncé maladroitement par Dechavanne (à qui l'on ne demandait rien), et ce avant même que le contrat soit signé, il a été quelque peu boycotté par la presse qui ne lui a jusqu'alors, et à quelques exceptions près, accordé que des entrefilets. Mais l'intronisation de Dorothée est certainement l'un des faits les plus positifs de la politique de programmes que l'on tente, à TF1, de mettre en œuvre.
Il faut d'abord convenir que le phénomène Dorothée a été jusqu'alors médiatiquement sous exploité. La trajectoire professionnelle de la jeune femme, cependant, suit une courbe progressive et ascendante depuis quelques quatorze ans et s'est traduite par une forte fidélisation de son émission Récré A2, confortée par sa carrière de chanteuse et de show-woman, vérifiable par ses performances de vendeuse de disques. Elle occupe seule le créneau des 5/12 ans, sa notoriété et son impact sur cette tranche d'âge pouvant se comparer à la popularité qui est encore celle de Chantal Goya sur les 3/7 ans. Actuellement Dorothée est l'élément le plus porteur et le plus prospectif pour le public des jeunes. Pour une fois, TF1 a bien saisi la balle au bond en s'attachant sa collaboration.


Celle-ci se concrétise sous plusieurs aspects.
1 - Dorothée assure auprès de la direction de TF1 la fonction de conseiller pour les programmes jeunesse, remplaçant Jacques Mousseau auquel d'autres fonctions sont proposées.
2- TF1 signe un contrat avec la société qu'elle a constituée avec son producteur Jean-Luc Azoulay : AB Productions, aux termes duquel lui est confiée la production exécutive de 600 heures de programmes jeunesse par an, avec une enveloppe budgétaire équivalente aux dépenses habituelles de la chaîne dans ce secteur, indexée néanmoins aux hausses possibles de certains produits sur le marché (inflation prévisible du prix de la minute des dessins animés). Ces 600 heures sont réparties pour l'essentiel en émissions d'après-midi-semaine ou matinées-mercredi, plus trois ou quatre grands shows à 20 h 30 dans l'année.
3 - Dorothée a esquissé une carrière cinématographique en participant à deux films. TF1 l'aidera à se positionner sur ce créneau en co-produisant chaque année au moins un film dont elle sera l'une des principales interprètes. Tout comme la chaîne apportera son soutien à ses spectacles, galas, disques.
Un package, comme on dit, qui ne manque ni de cohérence ni de réalisme aussi bien artistique que commercial. La Une, apparemment, commence à mieux cerner ses problèmes de chaîne commerciale
Ce qui n'est pas d'ailleurs, sans poser problème à Antenne 2. Ulcérée de ce « mâchage », Jacqueline Joubert a vertement réagi. Par lettre recommandée, elle a congédié Dorothée sans préavis. Celle-ci ne présente même plus Récré A2 cette semaine. On la remplace illico par sa seconde, Marie. Ce qui suscite des commentaires acerbes de part et d'autre. Sabatier, Collaro, Bouvard et les autres terminent leur contrat jusqu'en juin, dit Dorothée. Pourquoi, à mon encontre, cette mesure vexatoire qui ne me permet même pas de dire au revoir à mes téléspectateurs et d'offrir un pot d'adieu à mon équipe technique. Tout cela sent la rancœur et le règlement de comptes... Cette période agitée passée, on y verra plus clair sur le rôle que Dorothée va jouer à TF1. On pourrait avoir des surprises (positives)...


Pierre BRUNEAU

bottom of page