Rémy Sarrazin - Musicien
Rémy Sarrazin, le célèbre bassiste des « Musclés » et mari d’Ariane, se souvient de sa rencontre avec Dorothée et de l’ambiance des concerts.
« J’avais vaguement entendu parler de Dorothée par un ami musicien qui jouait dans un groupe. Il avait juste effectué, six à huit mois avant que je la rencontre, quelques dates et m’avait dit : « C’est incroyable. J’ai fait un spectacle pour enfants. C’est au Zénith. C’est bourré, noir de monde… ». C’était le Zénith qu’elle avait fait en 1986. Avant cela, j’avais vaguement entendu parler de Jacky et Simpsons Jones mais c’est tout.
Honnêtement, Dorothée ne m’avait pas vraiment fait d’impression, jusqu’à ce qu’on se connaisse un peu mieux, ce qui s’est produit sur un bout de tournée, en décembre 1987, qui était une extension du concert au Zénith. Avant cela, on ne se voyait que pour bosser, ça allait vachement vite. Sur les plateaux télévision, les gens n’avaient pas de temps à perdre. Je crois même que je ne voyais pas qui était Jean Luc Azoulay. S’il pointait le bout de son nez, on ne me l’avait de toute façon pas présenté. Je voyais juste Gérard Salesses et les musiciens.
La tournée avait déjà commencé avant mon arrivée. Il n’y avait pas eu donc de répétitions à proprement parler Je me souviens avoir répété pour la première fois à Grenoble Ce jour-là, lors d’une balance, alors que j’essayais de m’occuper, je me suis mis au piano Et, tout à coup, avec Dorothée, on s’est mis à faire des chansons et j’ai découvert une autre Dorothée elle chantait vraiment avec une voix différente de cette voix pincée qu’on lui connaissait Ce jour-là, j’ai vraiment senti une connivence artistique très forte Ce sentiment m’à donner l’impression que personne n’avait fouillé sur cette direction artistique De retour de tournée, à notre grande surprise, on a repris les émissions de télévision et cela a commencé à se construire et ça devenait de plus en plus sympa. C’est le moment où je me suis rendu compte que Dorothée était vraiment sympathique
Si le groupe de musiciens que l’on formait a pris un nom c’est parce que la société Fruité, qui faisait du jus de fruits, était devenu sponsor de l’émission : chacun des musiciens portait un T-shirt « fruité » le slogan de la marque : « fruité, c’est plus musclé » Dorothée devait essayer de la placer, de manière déguisée, le plus possible au cours de l’émission Le deal prévoyait aussi qu’elle devait prononcer le mot « musclé » le plus souvent possible C’est ainsi que nous sommes devenus « Les Musclés »
En Chine, nous nous sommes retrouvés face à un public de plus de dix-sept mille personnes qui n’applaudissait pas entre les chansons. C’était vachement bizarre. Je me souviens que c’était l’année de la France là-bas. Nous venions dans le contexte d’un échange économique et ils avaient tout prévu, un hotêl, les repas,… tout sauf une sono ! on s’est donc retrouvés dans le hall du palais de Shangai, qui est le plus grand, qui résonnait, avec une petite installation comme pour jouer dans une salle pouvant contenir cent cinquante personnes… Mais on l’a fait et c’était de la folie furieuse ! Pendant le voyage, on avait des journalistes sur le dos, on prenait des photos. Il y avait les répétitions. Certains repartaient tourner des plateaux pour le « Club Dorothée », d’autres filaient faire des photos pour « paris Match ». J’avais l’impression de vivre dans une immense caravane.
A Maurice, on s’est dit « Il n’y a quand même pas grand monde, pas de quoi remplir un stade ». Sauf que, le soir, il y avait quand même dix-sept mille personnes qui étaient là. C’est d’ailleurs l’un des concerts dont je me souviens le mieux. C’était absolument formidable !
Dorothée a vraiment bossé sans cesse, pendant les dix ans ou j’ai travaillé avec elle et, j’imagine, pendant les années qui ont précédé cette collaboration. C’est une qualité remarquable chez elle. Quand elle terminait à trois heures du matin, s’il fallait être de retour à neuf heures, elle, elle y était. »
Extrait de "Dorothée : Merci pour la récré" - Editions de la Lagune - 2008