Dorothée : « Que les enfants s’amusent ! »
Télé Magazine – 27 juin 1981
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DOROTHEE, tout le monde la connait. Ou plutôt, croit la connaître. Car elle abrite précieusement sa vraie personnalité derrière le mur de béton de l'anonymat. Déjà, dès le début de sa carrière, elle a décidé d'abandonner son vrai nom, Frédérique Hoschédé, derrière ce pseudonyme rigolo, Dorothée. Motif officiel : son nom de famille était trop difficile à retenir et son prénom ne plaisait pas aux enfants. En vérité, Dorothée aime préserver sa vie privée. Si on lui pose directement la question, « Ça va très bien, merci » répond-elle. On sait juste qu’il s'appelle Patrice, qu'il l'écoute, la réconforte et la protège, elle qui a tant besoin d'une épaule où s'appuyer. Car, malgré son calme apparent, il lui arrive d'être angoissée.
« Je n'ai aucune sécurité dans mon métier, dit-elle. En tout, j'ai déjà connu dix-huit mois de chômage. Il faut se dire tous les jours que la gloire s'acquiert à titre précaire et révocable. Et je ne suis pas différente des autres. »
Elle qui adore tellement les enfants, envisage-t-elle d'en avoir un bientôt. « Je ne suis pas pressée, répond-elle. Mais je me suis souvent posé le problème. Comment serais-je avec mes enfants, moi qui aime tant faire rire ceux des autres ? Qui adore ceux qui savent être vrai, pleins de vie, d'audace ».
Problème... quand Dorothée ajoute qu'elle fut elle-même élevée de façon très stricte et qu'elle ne s'en plaint absolument pas.
Surtout depuis qu'elle a découvert ce public avec « Récré A2 », elle prétend qu'elle ne pourrait plus s'en passer. « Ils sont très durs, très exigeants et ils n'ont peur de rien. Mais je tourne la difficulté en leur parlant d'égal à égal, comme s'ils étaient des adultes, sans qu'ils en soient.
« Je ne cherche pas mes mots, je ne bêtifie pas non plus. Je ne veux sur- tout rien leur apprendre et je suis assez triste de voir, dans notre monde moderne, combien les enfants vieillissent vite. Ce que j'aime, c'est les faire rire, avec un esprit finalement très tarte à la crème. »
Quand elle a monté son spectacle « Dorothée au pays des chansons » à l'Olympia, certains ont daubé sur le fait qu'elle avait attendu la fin de la comédie musicale de Chantal Goya, « Le Soulier magique ». Les langues sont allées bon train. Dorothée et Chantal allaient elles se disputer le public des six-treize ans ?
Notre blonde présentatrice s'en est tirée sportivement en disant qu'elle admirait beaucoup ce que faisait Chantal. « Son spectacle, qui fait évoluer de superbes masques est plein de rêve, de féérie, et elle joue avec énormément de naturel et de sincérité. »
« De toutes façons, il y a de la place pour deux dans ce domaine, à condition de ne pas considérer les enfants comme des débiles. »
L'été de Dorothée va être très chargé. Elle vient de sortir deux disques, un 33 et un 45, consacrés tous deux à « Candy raconte Dorothée ». Puis, durant toutes les vacances scolaires, elle invitera ses petits amis de « Récré A2 » à un spécial « Récré à table » diffusé chaque dimanche à midi. Elle même présentera son « Dorothee au pays des chansons » dans de nombreuses villes de France. Il est également prévu qu'elle le reprenne à l'Olympia pour les prochaines fêtes de Noël. Et le cinéma, dans tout ça ? Car Dorothée a commencé, d'abord
avec François Truffaut dans « L'amour en fuite », puis avec Robert Enrico dans « Pile ou face » une carrière que certains jugent prometteuse. Elle a d'abord travaillé un peu en amateur, mais, maintenant, elle s'est piquée au jeu.
Alors, un troisième film ? « En ce moment, regrette-t-elle, on ne me propose aucun scénario intéressant. Je ne veux pas faire n'importe quoi après avec tourné avec deux grands metteurs en scène ! »
Claudine GOZARD