top of page

Dorothée – Présentatrice, animatrice, chanteuse, comédienne

Okapi – 15 mars 1981

1981 - Dorothée – Présentatrice, animatrice, chanteuse, comédienne (1).png
1981 - Dorothée – Présentatrice, animatrice, chanteuse, comédienne (2).png

Dorothée, elle sait ce qu'elle veut, elle dit ce qu'elle pense. Elle déteste l'hypocrisie et ça se voit du premier coup. Elle nous a tout simplement reçus, dans les studios de la télévision, rue Cognacq-Jay, à Paris.

Okapi : Alors, Dorothée, vous faites le métier que vous vouliez faire ?

Dorothée : Je n'avais pas du tout pensé à faire ce métier. Pour moi, la télévision c'était inaccessible. Quant au cinéma, n'en parlons pas, c'était un rêve de petite fille ! Je voulais accompagner des gens dans des voyages, faire du tourisme. C'est un fait que j'ai de la chance de faire ce métier. C'est un métier merveilleux, mais il a énormément de côtés négatifs. Il y a vraiment des jours où j'ai envie d'être vendeuse dans un magasin et de faire mes huit heures par jour.


Okapi : Quel écran préférez-vous ? Le petit ou le grand ?
Dorothée : C'est totalement différent. Comme présentatrice, à la télé, il s'agit d'un travail technique, assez rigoureux, avec des annonces minutées. Dans Récré A2, je prends un plaisir énorme. On s'amuse au maximum. Au cinéma, c'est un travail d'acteur. On arrive sur le plateau, on tourne et on repart. Au claquement de doigts, il faut qu'on soit naturelle, sûre de notre texte, sûre de nous. On répète quinze fois la même chose, quinze fois aussi naturelle, quinze fois aussi drôle au même moment. C'est un autre travail qu'à la télévision où, comme c'est du direct, on y va à fond, on se vide complètement et si ça passe, tant mieux !


Okapi Est-ce que, à la télévision, vous avez l'impression d'être regardée par des millions de gens ?
Dorothée : Pas du tout. Quand je présente en après-midi, par exemple, je pense à des personnes que j'ai vues dans tel ou tel petit village de Provence, aux personnes âgées qui s'ennuient et qui comptent sur nous pour les distraire ou les informer, aux femmes qui sont en train de faire du repassage. Quand je fais Récré A2, je pense aux gamins qui ne peuvent pas faire du vélo, de karaté ou d'équitation, et qui sont bloqués chez eux. Je m'adresse à quelques personnes dans une maison, jamais à une foule.


Okapi Comment ça se passe pour les annonces des programmes de télévision ?
Dorothée : On les fait nous-mêmes. On voit avec le chef de chaîne le temps dont on dispose. Il faut que l'émission démarre à l'heure prévue, c'est pourquoi l'on fait des annonces plus ou moins longues. Pendant le déroulement du programme, il faut toujours être prête à intervenir, par exemple si l'image « décroche ». On ne peut pas lire. Il faut être attentive à ce qui se passe.


Okapi : Est-il vrai que la télévision est un monde d'hommes ?
Dorothée : A qui le dites-vous ? Sur un plateau, il n'y a que des hommes. Alors il faut jouer le jeu d'être femme et de demander, avec un grand sourire, d'avoir un micro à main plutôt qu'un micro à pied ! Lorsqu'on veut proposer un projet d'émission et qu'on est du sexe féminin, c'est plus difficile... Il faut être aussi solide qu'un homme, physiquement et intellectuellement, et ne pas oublier que l'on est femme, que l'on est « qu'une femme », comme disent les hommes... et profiter de cet atout-là. On ne discute pas d'égal à égal, ce n'est pas possible. Comme ce n'est pas possible, hélas, on joue le jeu : on y va du charme !


Okapi : Vous devez toujours paraître en forme ?
Dorothée : Quand on fait un métier public, les gens n'ont pas à savoir vos problèmes. Il faut faire abstraction de tous ses problèmes. J'ai fait une émission avec quarante de fièvre et ça a été pratiquement ma meilleure émission. Ce n'est pas parce qu'on est malade que les jeunes téléspectateurs doivent être privés de leur émission. C'est un métier où il faut apparemment être toujours disponible, aimable si possible et ne jamais paraître fatiguée, au moins le temps de l'annonce ! Après, quand on rentre chez soi, c'est autre chose.


Okapi : Vous semblez beaucoup plus capable d'admiration que de mépris ?
Dorothée : Je me souviens de gens qui m'ont fait d'horribles « vacheries » quand j'ai débuté à la télévision ; je n'oublie pas mais je ne leur en veux pas. « Bêtement », je leur trouve toujours des excuses. Il faut essayer de trouver le bon côté des choses et des gens. Parfois ça aide ! C'est vrai que j'ai mauvais caractère, que je râle souvent et que je m'énerve, mais je ne méprise personne. Cependant, j'ai besoin d'admirer quelqu'un. Si on n'a pas un idéal au-dessus de soi, on ne montera jamais. J'ai été plein d'admiration par exemple pour Noiret et Serrault au cours du tournage de Pile ou face. Il y avait des jours où je ne tournais pas et où je me levais à 7 heures du matin pour aller les voir. De même, j'ai tourné avec François Truffaut et je peux vous dire que c'est merveilleux de tourner avec lui. Il est très doux, très calme, très tendre. On est pris au piège.


Okapi : Vous n'avez pas peur d'avoir un jour « la grosse tête » et de jouer les stars ?
Dorothée : C'est ma chance : je ne me sens pas quelqu'un d'à part. Je ne joue pas les stars. Le jour où je commencerai à avoir « la grosse tête », ma mère me le dira. Vous savez, ça dépend beaucoup de l'entourage. Si vous êtes entouré par des gens qui, toute la journée, vous répètent : « Tu es merveilleuse, tu es géniale, tu es fantastique », vous finissez par le croire. Moi, je suis entourée par des gens très simples et très honnêtes qui me disent objectivement ce qu'ils pensent : « Cette émission, je n’ai pas beaucoup aimé, ce n’était pas extra ». Vraiment, je sais que je peux compter sur ma famille pour me dire : < Attention ! Tu as changé ».


Propos recueillis par Claude Raison. Photos: Jean-Marie del Moral

Dorothée magazine - logo.png
  • Instagram
  • Facebook
  • TikTok
  • Les fils
  • Youtube
LOGO - Génération Récré A2.png

Webmaster : Alban Brouillard

bottom of page