top of page

Pas de récré pour la bande à Dorothée

1987

1987 - Pas de récré pour la bande à Dorothée.png

Ils transforment des sketches courts en mini-dramatiques. Avec un clin d'œil et le sourire de Dorothée, les comédiens de « Récré A2 » ont imposé leur style enlevé et facétieux.
Samouraïs ou extraterrestres hier, espions ou pirates aujourd'hui, ils sont une dizaine à écumer le petit écran le temps d'une maxi-séquence sur A2, le mercredi après-midi vers 16h 30. Cette semaine, on les signale chez Louis XIV, du côté de Versailles, et demain, qui sait où ? Depuis deux ans, les reporters impénitents - et impertinents - de la bande à Dorothée prennent l'histoire à l'abordage. Toute l'histoire. Celle de la chevalerie ou du Transsibérien au temps des tsars comme celle du XXIIe siècle et de l'odyssée de Jean-René Hallienne (sic) à bord du Startare Steck.
Au studio 40 de l'avenue Montaigne, le parti pris de l'émission, c'est celui d'en rire. Et surtout d'en faire sourire. Le tout en mêlant vérité historique et gags visuels. A l'image de ce pauvre Christophe Colomb se faisant proprement jeter par la fenêtre par le roi du Portugal auquel il proposait l'Amérique...
Clins d'œil, jeux de mots, l'affaire est rondement menée par la petite troupe recrutée par Jacqueline Joubert, la responsable des programmes jeunesse d'A2. Avec peu de moyens « rarement plus de trois ou quatre figurants », son équipe mène la danse. Jusqu'à atteindre un honorable 10 % d'écoute. Du sérieux donc. Pourtant, derrière la caméra, les comiques de l'histoire ne sont pas tristes. Impossible, par exemple, de les faire se battre convenablement pour reconstituer les joutes des preux chevaliers.
Enthousiaste mais belliqueuse, la fine équipe vit parfois dangereusement comme lors du dernier tournage des Pirates du « Black Star », où le couvercle d'un coffre en bois tomba sur la tête de Dona Dorothès - comme si la souriante Dorothée (avec son nez en trompette) n'en voyait pas déjà de toutes les couleurs le mercredi matin avec Cabu.
Mais tant pis, le spectacle continue ! Dix jours d'écriture, une lecture de texte la veille de l'enregistrement, une autre parfois avant le maquillage, et « ça tourne ». Dans la foulée, ce sont huit heures de plateau qu'on met en boîte pour faire deux séquences de dix minutes. Chapeau, les pirates ! Tourner en une demi-journée une séquence complète, alors que pour une dramatique on enregistre à peine huit minutes en vingt-quatre heures ! Pourtant François Arrignon et Christian Mouchant, les deux auteurs des comédies de Récré A2, se passeraient bien de ce contre-là-montre perpétuel. Mais les jeux sont faits et tout va bien. Ce qui n'était, il y a quelques mois encore. qu'une série de petits sketches d'une minute destinés à présenter un dessin animé ou des chansons et des jeux est ainsi devenu un temps fort, une séquence qu'il faut réaliser tous les quinze jours.
Hier auditionnés comme présentateurs par Jacqueline Joubert, les jeunes comédiens de l'équipe brûlent maintenant les planches, passant de Léopard Joe en Afrique à Allan Le Borgne, célèbre détenu du pénitencier mexicain de Cantar Cantar... Championne dans l'art du déguisement, la petite bande vit à cent à l'heure. Ni Corbier, ex-G.O. du Club Med devenu chansonnier, ni l'espiègle Marie Dauphin, transfuge de l'Ecole du cirque et passionnée de chant, ne savent aujourd'hui dire combien d'époques ils ont traversé. Même les jeunes recrues en ont le vertige. Dans la « famille » depuis un an, Emmanuelle Bataille (le chaperon de Dona Dorothès dans Les Pirates) se souvient plus facilement des rôles qu'elle a joués au théâtre depuis le cours Simon que de ses emplois dans Récré A2. Et on n'en est encore qu'au début ! Après avoir pris Vera Cruz d'assaut, la bande à Dorothée remonte le temps vers une prochaine Véritable et palpitante histoire de la cour du Roi-Soleil. Une comédie grand siècle où il y aura toutes les folies, sauf la folie des grandeurs.

Richard De Vendeuil

bottom of page