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Dorothée - La fée de la télé

Jours de France – 1er janvier 1990

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A partir du 6 janvier, la star des enfants compte sur ses fans pour l'aider à battre le record de Sardou et Hallyday : remplir pendant trois semaines les douze mille places du stade de Bercy.
(Propos recueillis par Yves Salgues)

Des oriflammes portant son nom qui claquent dans le vent. Une immense pyramide d'étain et de verre. Un plateau de 1000 mètres carré auquel sont attachés exclusivement 150 techniciens, sans compter les 20 personnes préposées au courrier : 5 000 lettres par jour en période ordinaire, 6 500 à 7 000 en ces fêtes de fin d'année. Ce Hollywood flambant neuf à la Plaine-Saint-Denis (les studios ont à peine un an d'existence) c'est l'empire de Dorothée. Le lieu de tournage du "Club Dorothée" et d'enregistrement de ses disques : 14 millions vendus jusqu'ici.

 

Avec 8 millions de téléspectateurs, Dorothée est la fée de l'enfance. Avec 800 heures d'émissions annuelles, elle est l'ogresse de TF1. Lorsqu'on entre dans les appartements de Dorothée (moquette rouge, fauteuils profonds, meubles noirs, cigarettes Davidoff à profusion, gobelets de café à la chaîne), on est surpris par le luxe. Mais, dans ce produit mobilier du star-system, on est encore plus surpris de ne pas trouver la star. Dorothée est dans le décors, la star Dorothée en est absente.

Yeux noisette foncé, robe noire ajourée, bijoux de jeune fille, bas de laine plissant au dessus du genou : plus Bécassine qu Carabosse, la plus grande vedette du petit écran français ne fait pas d'embarras. Ni frime ni mensonge. Dorothée vous débit son pédigrée comme une vraie Litanie. J'ai trente-six ans, dix-sept ans d'antenne, dix ans de chansons. Je mesure 1,62 mètre. Comme je m'accorde une petite marge d'insécurité, je pèse entre 41 et 45 kg. Mon vrai prénom est Frédérique. Comme il faisait trop androgyne, nous l'avons troqué contre Dorothée. Après Alain Delon et Julien Clair, je suis la troisième artiste que Bourg-la-Reine ai donnée au spectacle.

 

Un pari fou, un pari d'homme

 

-Le pouvoir que vous détenez ne vous donne pas le vertige ? Vous ne le trouvez pas arbitraire ou injustifié ?

Non, parce que je le tiens de l'enfance. Des mamans au foyer ont fait le test, le mercredi après midi, de laisser leur récepteur allumé pour leur bébé de dix-huit mois. Rien ne se passe, sauf au moment où j'apparais, où je parl, où je chante. Alors l'oeil s'écarquille, l'oreille est aux aguets.

-Votre vrai public se situe entre trois et quatorze ans, c'est ce public là qui vous pousse à tenter le paris de Bercy, où à partir du 6 janvier, 250 000 personnes, dit-on, sont attendues.

Exactement, c'est un pari fou, un pari de garçon, un pari d'homme, j'en suis morte de trac. Mais je le gagnerai. Seuls Hallyday et Sardou ont rempli les 12 000 fauteuils de Bercy pendant trois semaines. Je m'attaque à leur reccord, j'ai des supporters de six ans qui dansent le rock comme des diables et une infrastructure du tonnerre. Rouveyrollis est aux éclairages, Chris Georgiadis, l'ancien premier danseur de Sylvie Vartan, règle mes chorégraphies. Je suis habillée par Gérold Crews, un couturier américain de vingt-sept ans vivant à Paris. Sur trente titres, j'en crée dix nouveaux : ceux qui figurent sur mon dernier album "Tremblement de terre" (sorti il y a six semaine, ce quatorzième album est déjà disque d'or avec 180 000 exemplaires vendus).

-Votre signe astrologique ?

Le cancer, signe de la famille. L'important, c'est ma mère Jacqueline, mon père est mort en 1977.

-Vos signes extérieurs de richesse ?

Les collections de bandes dessinées de mon appartement, porte Maillot ; ma lithographie de Leonor Fini ; ma bébé jeep Santana rose ; mon Yorkshire noir et feu, Roxan. Ca vous étonne ? C'est tout !

-Votre idéal ?

Avoir un enfant à moi, tout en continuant à distraire ceux des autres.

-C'est pour quand ?

Le plus difficile reste à faire, trouver le papa.

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