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Dorothée – Idole des jeunes
Télé 7 jours – 23 mars 2020

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En 1971, vous êtes repérée par Jacqueline Joubert, qui vous rebaptise Dorothée. Pourquoi ne pas avoir gardé votre prénom ?
Dorothée : Parce que je m'appelle Frédérique et qu'elle le trouvait trop androgyne. Dorothée était originale, il y en avait très peu à l'époque. Aujourd'hui, seuls les membres de ma famille m'appellent Frédérique.


Vous souvenez-vous de vos premiers pas à la télé ?
C'était en 1973, dans Les Mercredis de la jeunesse, à l'ORTE. Je ne connaissais rien à la télévision. Les plateaux étaient gigantesques, les projecteurs, énormes, tout était disproportionné. J'ai suivi le pas et j'ai immédiatement accroché avec la caméra.


En 1978, vous êtes speakerine et vous prenez les commandes de Récré 42, sur Antenne 2...
Au début, on tournait dans un petit coin. On prenait tout ce qui traînait pour faire le décor. Je partageais l'animation avec William Leymergie, puis nous avons été rejoints par Cabu, Ariane, Jacky, Corbier... Nous sommes tous devenus amis, assez naturellement.


C'est d'ailleurs pour Récré A2 que vous avez reçu un 7 d'Or. L'avez-vous conservé ?
Évidemment ! Il est en deux parties, car un morceau s'est détaché, mais je l'ai encore !


En 1985, vous découvrez le concept du Téléthon aux États-Unis et vous rapportez l'idée en France...
J'avais trouvé ça extraordinaire et, avec Jean-Luc Azoulay, mon producteur de l'époque, nous nous étions attelés à en faire une version française. Nous avons tout développé, tout détaillé, etc. Finalement, tout était prêt et le Téléthon a été lancé... mais sans moi.


Pourquoi ?
Certains ont prétendu que j'étais trop jeune, mais je n'ai jamais eu de réponse précise. Cela m'a occasionné une immense tristesse, mais, l'important, c'est que l'émission ait vu le jour.


En 1987, vous rejoignez l'unité des programmes jeunesse de TF1 et lancez Club Dorothée qui va réaliser jusqu'à 60 % de parts de marché. Aviez-vous conscience du phénomène qui se créait ?
De l'intérieur, on ne voyait pas les choses de la même manière. Les décors et les programmes s'étoffaient et les téléspectateurs affluaient, mais cela s'est fait progressivement.


Club Dorothée a reçu aussi bien Chuck Berry que sœur Emmanuelle et des ministres. Comment expliquez-vous un tel éventail d'invités ?
Le programme était ouvert à tout le monde, c'était le principe. On faisait des gags, on se lançait des tartes à la crème, mais nous savions aussi être sérieux. Rapidement, nous avons développé des émissions telles que « Terre, attention, danger » ou les « Noël de l'amitié ». La solidarité et l’écologie ? Il était inconcevable, pour nous, de passer ces thèmes sous silence.


Vous avez également fait carrière comme chanteuse, sur une idée de Jean-Luc Azoulay. Mais, au départ, vous étiez réticente...
Je n'y avais jamais songé. Je chantais avec mon papa, mais je ne pensais pas en faire un métier.


Et pourtant, vous avez vendu plus de 17 millions d'albums, et vous êtes la seule femme à être montée 59 fois sur la scène de Bercy, à Paris. Cela vous manque-t-il de ne plus chanter en public ?
Oui, même si j'ai toujours été terriblement angoissée à chaque fois. Rien que d'en reparler, le trac revient. La télévision me manque aussi, et j'attends le projet qui saura me séduire. Je marche au coup de cœur.


Comment avez-vous vécu l'arrêt brutal de Club Dorothée, le 31 août 1997 ?
Cela a été un choc, car on nous l'a annoncé tard, sans délicatesse ni explications. Il a fallu prendre d'autres habitudes, mais ça m'a permis de me consacrer aux miens.


Que pensez-vous des programmes pour enfants, aujourd'hui ?
Je crois que l'on ne respecte plus les jeunes téléspectateurs. La télévision est devenue une boîte déshumanisée qui ne s'adresse plus du tout à eux. C'est pour cela qu'ils la désertent pour consommer du contenu différemment. Où est passé le temps où les enfants discutaient du dernier épisode de « Dragon Ball Z » dans la cour de récré ?


Comment vivez-vous votre notoriété ? Avez-vous conscience de l'impact que vous avez eu ?
Je m'en rends compte tous les jours. Quand je sors, je suis reconnue par des gens qui me sourient, me prennent dans leurs bras ou me disent simplement merci. Quel bonheur. Que voulez-vous que je demande de plus ?


Interview Adeline Quittot
Photos Darius Salimi pour Télé 7 Jours

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