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Le syndrome Dorothée

Télé Pro Suisse – 8 septembre 1988

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En cette fin de vacances, je me suis presque forcé à regarder « Oh ! Coco l'été chaud » de l'ineffable Collaro. Mon Dieu ! Que ça vole bas ! Si ça vole...
Pour déguster un bon mot ou savourer un bon gag, il faut se farcir une heure de mauvais humour de collégien.
Comme c'est l'été chaud, une partie des séquences se déroule au bord de la grande Bleue, dans un camping. C'est le motif pour faire défiler et se tortiller à l'écran des filles seins nus. Quoi de plus normal, direz-vous, on ne voit que ça Coco quand c'est l’été chaud sur les plages de France et de Navarre. Mais voilà c'est sur les plages, pas dans la rue, ni dans mon salon.
Notez que ces lolos à gogo n'ont pas empêché un sketch ringard où chaque personnage va soulever un bout de tente pour apercevoir devinez quoi deux infirmières poitrine a i air A des collégiens commettant ce genre de gamineries, on foutrait une paire de claques. Collaro et sa bande, Bouygues les paie.
Voici un gag génial qu'il faut noter, de crainte qu'il ne passe pas à la postérité. Une épidémie frappe les campeurs certains attrapent d'énormes taches rouges sur la figure. Plutôt que l'Institut Pasteur, c'est la Gendarmerie qui enquête. Et qui trouve ! Le tenancier du camp peint des taches de couleur sur les campeurs endormis. Ainsi, ils ne peuvent partir du camp et prolongent leur séjour. Si tu es gai, ris donc !
Les gendarmes sont deux. L'un imite très bien Louis de Funès. Mais c'est bafouer la mémoire du regretté comédien que de l'imiter dans des gags coquins. Si le gendarme de Funes se lança jadis à la poursuite des nudistes il le faisait décemment.
Et le rôle le plus subtil. Stephane Collaro se l'est réservé le rôle du Belge de service, un touriste bêta, roux et qui de surcroît raconte des blagues belges avec un accent garanti faux
Moi. Tonton Mayonnaise. Alias Collaro, je l'aimais bien du temps de ses débuts au « Petit Rapporteur » avec Jacques Martin.
Depuis qu'il vole de ses propres ailes, il verse dans la parodie grossière, la gaudriole. En effet, Collaro est atteint de ce que j'appellerais le « syndrome Dorothée ». Comme la présentatrice des émissions enfantines, la ci-devant charmante Dorothée. Collaro est victime de la production en série. Dorothée devant assurer une émission chaque jour, la qualité baisse forcément. On fait bon marché des principes. Ainsi on achète des dessins animés sans trop se soucier de leur qualité éducative tout comme l'équipe Collaro imagine des sketches en se fichant du bon goût Sans souci de la qualité, le stakhanovisme produit vite, mais n'importe quoi. Peut-être les philosophes des mass-media n'ont-ils pas assez rappelé que les émissions comiques sont les plus difficiles à réaliser. On ne peut confier ce travail qu’à des gens sérieux.


LE MONOCLE

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