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Les gosses sont fous d’elle

Le soir illustré – 23 décembre 1982

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La petite présentatrice des programmes d'Antenne 2 a gravi les échelons du succès avec une rapidité foudroyante : devenue comédienne, chanteuse et animatrice-vedette à la télévision, elle est aujourd'hui considérée comme la rivale numéro un de Chantal Goya…
Pendant longtemps, cette femme au physique filiforme se contenta d'être la speakerine pardon, la présentatrice la plus sympathique d'Antenne 2. Bien sûr, Dorothée avait parfois tendance à bredouiller, mais elle le faisait toujours avec talent. Et ses petits sourires mutins (les méchants diraient je-m'en-fichistes...) arrivaient à faire passer à peu près n'importe quelle gaffe. On sentait bien que cette fille-là était une nature, qu'elle ne se contenterait pas éternellement d'un emploi aussi statique. Et, de fait, Dorothée nous mijotait quelque chose...
En 1978, c'est la première rencontre avec le show-business : elle tourne « L'Amour en fuite » de François Truffaut, avec Jean-Pierre Léaud pour partenaire. Le film n'obtient pas un énorme succès public, mais les critiques n'ont pas manqué de faire remarquer le jeu naturel, spontané, de cette déjà célèbre débutante. Quelques semaines plus tard, « Doro » enregistre un album, « Dorothée au pays de la chanson », conte fantastique qui emmène les moins de dix ans dans le pays de leurs rêves. Cette fois, le succès se trouve au rendez-vous : les gosses se ruent sur ce 33-tours et lui assurent une vente record totalement inespérée. Il faut dire que, entre-temps, cette surdouée aux yeux noisette, a reçu la responsabilité de deux heures de direct hebdomadaires avec « Récré A2 mercredi »:
- J'ai choisi le public considéré comme le plus difficile, celui des enfants. Difficile, peut-être. Mais aussi très spontané, toujours prêt à nous dire ce qui va et qui ne leur plaît pas. Nous recevons un courrier abondant et, dans la mesure du possible, j'essaie de tenir compte des suggestions des spectateurs.
Des spectateurs qui se recrutent également dans la catégorie « troisième âge », qui semble apprécier beaucoup « Récré A2 » ...
Dorothée trouvera encore le temps de figurer dans un autre film, « Pile ou face », diffusé récemment par la R.T.B.F. Cette fois, les choses deviennent plus sérieuses : elle donne la réplique à deux grands noms du cinéma français, Philippe Noiret (le flic entête) et Michel Serrault (le suspect trop malin). Mais elle gagnera là ses galons de comédienne, n'hésitant pas, au passage, à dévoiler les aspects les plus charmants de son anatomie.
Désormais lancée sur la voie royale du succès, Dorothée enregistrera un deuxième disque avec toute l'équipe de « Récré A2 » (Dorothée et ses amis chantent), dans lequel elle interprète les indicatifs des émissions favorites des gosses la presse spécialisée la désigne comme la plus sérieuse rivale de Chantal Goya !
Au printemps 1981 arrive la consécration: un passage à l'Olympia, où des milliers d'enfants viendront l'applaudir. Entourée d'une vingtaine de musiciens et danseurs, Dorothée jouera sur scène les « showwomen » à l'américaine, se déguisant, chantant, bondissant avec une facilité époustouflante.
Accélérons... Cette année, elle a confirmé son immense popularité en faisant un nouveau malheur à l'Olympia, avec sa comédie musicale intitulée « Dorothée tambour battant » qui se joue à guichets fermés. Au même moment sortait la chanson « Rox et Rouky », bientôt reprise sur un album où les « moins dix » retrouvaient d'autres succès comme « Tchou, Tchou, le petit train », et « Dors mon petit ange ».

 

« Doro » n'a jamais, contrairement à certaines de ses concurrentes, joué la carte de la mièvrerie : si ses chansons sont évidemment écrites en fonction du public des enfants, elles ne donnent pas nécessairement dans le rose bonbon ou dans l'optimisme à tout prix. Dorothée prend soin de glisser dans ses textes une pointe d'ironie (« Le Robot »), voire un clin d'œil réservé aux adultes. Ainsi, la pochette de son troisième disque a été illustrée par Cabu le père du contestataire « Grand Duduche » - chez qui la gentillesse n'a pas toujours été la qualité dominante...
En cette fin d'année, Dorothée ne sait plus où donner de la tête : après avoir été l'invitée de la R.T.B.F. et de « Lollipop » en octobre, elle apparaît ces jours-ci dans l'émission « Diguedondaine » (avec la complicité de l'épouvantail Jacky Jack) et, chaque midi du 20 au 24 décembre, à l'« Académie des Neuf » d'Antenne 2, avec Paul Préboist, Annie Cordy, Gérard Le-norman, Christine Delaroche... Ouf! Mais cette femme-spectacle décidément infatigable vient également de lancer son nouveau disque, « Dorothée chante Noël »,
sur lequel on retrouve la plupart des grands tubes traditionnels : « Vive le vent », « Mon beau sapin », « Noël blanc », « Douce nuit »... habilement remis au goût du jour.
Des projets ? Ce n'est certes pas ce qui manque à cette jeune - elle n'a pas encore trente ans - ambitieuse une grande tournée à travers la France pendant tout l'été, un film dont elle sera (enfin !) la vedette, une nouvelle comédie musicale, deux ou trois émissions de télévision. Bref, il y a du pain sur la planche. Sollicitée de partout, Dorothée n'a cependant pas attrapé la grosse tête. D'ailleurs, les gosses ne le lui pardonneraient pas : lorsque l'on incarne la joie et la fantaisie, il faut savoir garder, quelque part au fond de soi, une part de son enfance...


MICHEL MARTEAU.

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Entourée par la foule de ses petits fans, après un passage triomphal à l’Olympia, au printemps dernier…

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Dorothée est l’un de ses étranges amis sur le plateau de « Lollipop », dont elle était l’invitée au mois d’octobre.

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