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Dorothée au Zénith : le ressort Azoulay

Le quotidien de Paris – 26 novembre 1988

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Jean-Luc Azoulay et Dorothée se sont rencontrés en 1979 à l'occasion d'une hépatite virale. C'est alors que « cloué au lit et contraint de regarder la télé douze heures par jour » que le producteur de disques d'AB (A pour Azoulay et B pour son associé Claude Berda) a découvert la nouvelle idole des enfants. Encore affaibli l'hépatique eut l'idée de proposer à l'animatrice de l'émission intitulée à l'époque « Dorothée et ses amis » d'enregistrer son premier disque. Ce qu'elle fit, non sans réticence, persuadée de « ne pas savoir chanter », se souvient Jean-Luc Azoulay. Depuis, Dorothée a pris des cours de chant et vendu 12 millions de disques, 30% des recettes d'AB.
Lorsqu'elle entrera sur scène ce soir, pour la première représentation de son spectacle au Zénith, son nouvel album, tout jaune (clin d'œil à l’hépatite ?) aura envahi tous les rayons des disquaires, du plus petit à l'hypermarché. Jean-Luc Azoulay veut tout ignorer de cette opération commerciale admirablement orchestrée. Les chiffres et l'argent, il les laisse à Claude Berda. Son travail, à lui, consiste dans la création artistique d'un spectacle dont le producteur n'est autre que Camus-Coullier, grand ordonnateur des shows Hallyday. Jackson et autres Madonna.
« Le spectacle s'adresse avant tout à la famille. Les parents doivent s'amuser autant que les enfants avec Dorothée », explique Jean-Luc Azoulay, justifiant ainsi la programmation de « soirées » à 20 h 30, innovation sur le premier Zénith de 1986, où la chanteuse s'était produite exclusivement en matinée.
Des gags, des « ambiances » collant avec les textes des nouvelles chansons, telle l'évocation des années trente pour « Détective privé », le dernier succès chéri des enfants, un espace de science-fiction pour un autre, ou encore un décor africain, tous les artifices scéniques seront déployés pour rompre la monotonie d'un one-man show, genre aujourd'hui dépassé.
Tant Camus-Coullier, le producteur, que AB le metteur en scène (Azoulay s'est associé pour l'occasion à Chris Georgladis) que les « parrains », TF1 et Europe 1, n'ont certes pas lésiné sur les moyens accordés à ce grand spectacle « familial », qui va mobiliser près de 6 millions de francs.
Dix musiciens (une section cuivre s'est ajoutée à l'ensemble rock de Gérard Salesses), deux choristes. 8 danseurs, pas moins, vont faire vibrer les 150 000 spectateurs attendus au Zénith dans un univers sonore réglé par José Tudela. Malgré ses 800 heures de programme à TF1 (facturées 125 000 F chacune), ses enregistrements multiples, ses projets de production de dessins animés « à la française », la préparation de sa nouvelle émission avec Disney, et l'installation dans les locaux flambant neuf que Bouygues achève actuellement de construire à la Plaine-Saint-Denis, l'étonnante petite chanteuse au nez-pointu-queue-de-cheval va encore prouver qu'elle a de l'énergie à revendre. Jean-Luc Azoulay n'est pas étonné « le mot travail ne veut rien dire pour nous, c'est notre vie, un amusement continu. » Heureux enfants.


Philippe DUTERTRI

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