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L’enfance d’un art

Le nouvel observateur – 1997

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Les mercredis et samedis matin, France 3 bat donc TF1. « Le Réveil des Babalous » et les « Minikeums » ont détrôné Dorothée. Reste à TF1 le dimanche matin, où le « Disney Club » (depuis novembre 1988) bat « Télé Taz » et son bloc Warner, et en semaine « Salut les toons » (depuis la rentrée 1996) tient la distance par rapport aux Babalous », pour le public préscolaire. France 2, pour cibler trop large et longtemps sans conviction (jusqu'à Elkabbach), ne prend toujours pas en tenailles TF1, mais Rachel Kahn, récemment nommée, a le cran pour redresser la barre. 1997, juillet. La rentrée sur TF1, en cure de désintoxication (recherche du sens Mougeottéen), se fera sans Dorothée. Depuis 1987, AB Productions, via Dorothée, avait la haute main sur les programmes jeunesse de la chaîne. La petite jeune femme qui m'attend à la porte du « Nouvel Observateur » a quelque chose de pathétique. Une poupée usée jetée après qu'on en a abusé. Dorothée rappelle le Lucky Luke de « Toy Story ». Elle s'accroche à une réalité qui la fuit, comme les années. Elle reste, insiste-t-elle, une salariée de TF1, responsable de l'unité jeunesse et famille, une chanteuse, chez AB Disques (à la rentrée, un disque et un concert) et une pourvoyeuse de commandes pour AB Productions. Sinon, elle négocie son futur. Rien n'est décidé. Choquée ? « Ça fait toujours de la peine quand quelque chose s'arrête. Mais tout a une fin. » Elle ne comprend pas. Pas une ombre d'autocritique. Ni de distance. Elle ne se sent même pas humiliée d'être mise dans le même sac que Pradel, Morandini et la télé-poubelle. Elle met les reproches qu'on lui fait au compte des ignorants, des jaloux et des hargneux. « Dragon Ball Z » (TF1 a dû faire des excuses publiques pour une scène) ? « Il ne faut pas enlever ce qui plaît aux téléspectateurs. On a suivi le goût du jour. D'ailleurs mon générique le dit, "Venez surfer sur le Club Dorothée... »
TFI change de politique, point à la ligne. « Du temps de monsieur Bouygues, la jeunesse était importante. Il fallait voir monsieur Francis Bouygues avec ses petits-enfants, c'était un tableau magnifique. On a eu plein de projets ensemble... »
Sa notion du temps est étrange. Dites d'ailleurs « Do » : « Dorothée, c'est un peu long. C'est toujours trop long, j'aime bien que ça aille vite. Enfant, je me cassais la figure tout le temps. J'ai été élevée à l'arnica. » Subsiste toujours en elle l'alerte fillette de 1973 que Jacqueline Joubert avait remarquée à un concours de théâtre inter collèges, à Versailles. Cinq ans après, la grande Jacqueline créa l'unité jeunesse et Récré A2. « Ou n'a fait que grandir. J’ai grandi avec la France. J'ai suivi mon public. La télé était la boite magique », dit-elle. Le drame d'une star n'est-il pas de vieillir plus vite que son public ?
« Avec un public jeune, on reste jeune. » L'adepte de Disney avoue vivre dans sa fantaisie land. Une de ses fiertés est d'avoir créé un Club Dorothée, gratuit d'admission, dont son chauffeur lui rappelle le nombre de membres : 600 000 !


Ce sont les copains qui m'avaient demandé de créer un fan-club.

Les copains ?

J'appelle toujours les téléspectateurs des copains.

Ah ?

Il y a toujours un côté enfant chez tous les adultes.

Même chez Patrick Le Lay ?

Bien sûr, c'est un être humain.

Et vos copains enfants, ils changent ?

Tout va plus vite. Ils parlent même de politique, mais ils gardent leur imagination. Il y en a qui sont fous de la télé.

Est-ce que vous n'êtes pas une folle du public comme l'a été Joan Crawford ?

J'aime le public,
j'aime qu'il y ait un max de public, en direct. Il y a plusieurs publics, celui qui dans la rue vous reconnait et papote avec vous, celui de la salle.

Vous avez besoin d'être aimée ?

Certainement. J'ai eu beaucoup d'amis et le public, c'est presque des amis. Tenez, je me suis fait couper les cheveux. Dans la rue, les copains le remarquent : tu t'es fait... tiens, moi aussi.

On vous tutoie ?

Les enfants me disent "tu", les parents "vous" et les grands- parents "ma petite Dorothée"..


TF1 : "Instaurer un esprit nouveau »
DOMINIQUE POUSSIER
48 ans, école d'interprète et licence d'espagnol. Une fille de 8 ans. Depuis trois ans, responsable du programme jeunesse de TFI. 900 heures pour un budget de 150 millions de francs en 1997


TéléObs. - Quelle est la ligne TF1 ?
Dominique Poussier. - Elle se définit par l’objectif : proposer aux enfants un télé toit qui leur est réservé, une mini-chaîne pour enfants à l'intérieur de la grande chaîne avec les dessins animés les plus variés pouvant toucher des enfants dont l'âge s'étale entre 4 et 10 ans.


-Les points forts ?
-Les séries longues qu'on a coproduites : Oliver Twist, Dog Tracer, Docteur Globule, Barbe-rouge, Nanouk », mon favori. Le Disney Club continue les samedis et dimanches matin. Et nos deux souris en 3D de Salut les toons, Bob et Scott, auront une petite compagne, une femelle grise, Zoe.


-L’habillage ?
Il est signé par l'Américain Petard Sullivan. Pour lier, on a choisi de recourir ni à des animateurs ni à des marionnettes. Les médiateurs sont off, comme sur Nickelodeon. On habille le programme, on ne l'enrubanne pas. Il s'agit d'installer un esprit nouveau, tout en surprise et humour, à partir de petits gags, l'interstitiels en pâte à modeler... On pare ainsi au reproche d'impersonnalité. Les enfants participeront, en choisissant des éléments déclinables du décor, en votant pour les séries qu'ils préfèrent. Il y aura des mercredis à thèmes, rentrée des classes, Noël, la poésie... L'idéal, c'est que les enfants pensent que c'est leur chaine.


Y a-t-il un enfant TF1 ?
-Non. Les enfants ne sont pas attachés à une chaîne mais à des séries. Télécommande en main, ils sont volatils et savent à quelle heure passe quoi. En revanche, pour les moins de 5 ans, les mamans ont tendance à prescrire France 3 ou Canal J.


A nouvelle concurrence, nouvelle donne ?
- Les chaines hertziennes ont du souci à se faire : les thématiques attaquent fort dans le domaine de la Jeunesse.

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