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Le joyeux barbu de la bande à Dorothée

Télé 7 jours – 1988

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Il chante « Sans ma barbe » mais n'a pas l'intention de sacrifier celle qui lui porte bonheur. Certains de ses fans lui reprochent pourtant de se cacher ainsi. Il a l'habitude ! Son vrai nom n'est pas François Corbier, mais Alain Roux...
« Je m'entends très bien avec Dorothée, dit Corbier (François de son prénom). Heureusement ! Je passe plus de temps en sa compagnie qu'avec ma femme, Doune.» De tous les forçats de la bande à Dorothée (le club est ouvert matin et après-midi), le joyeux barbu est un de ceux que vos enfants préfèrent. Barbu - même s'il chante « Sans ma barbe, c'est la barbe », sur son dernier 45 tours – il ne l'a pas toujours été : « Je l'ai laissé pousser à mes débuts dans les cabarets, car je ressemblais physique- ment à Daniel Laloux, un chansonnier rigolo comme moi. On me disait toujours : « C'est très bien ce que tu fais mais ça ressemble à du Laloux. Du jour où je me suis retrouvé barbu, les réflexions ont cessé. J'étais devenu moi-même. »
Ses fans ne sont pas toujours de cet avis : « Certains me demandent « Quand est-ce que tu la coupes ?», d'autres « Tu me plais avec ta barbe ». Même sur le minitel, je reçois des messages à ce sujet. » Il sait en tout cas se cacher... et pas seulement derrière sa barbe. Corbier n'est pas, en effet, son nom, ni François son prénom ! « Je suis roux et je m'appelle réellement Alain
Roux. J'ai préféré Corbier quand j'ai commencé à gratter ma guitare et à chanter. François Corbier, ça sonnait bien. Comme on ne m'engageait guère, j'ai été livreur de casquettes, courtier en assurances, comptable au Crédit Lyonnais et barman au Club Med. Dès que j'avais un moment, je chantais une de mes chansons et ça plaisait.
Une croisière au large de Corfou, en 1966, a décidé de tout. J'ai rencontré sur le bateau le célèbre André Roussin, l'auteur de tant de pièces à succès. Il m'a demandé de l'appeler dès le retour. Grâce à lui, j'ai fait ma première télé en 1967. Puis, je me suis produit au cabaret L'Écluse », qui existait encore. Il y avait Serge Lama, Popeck... ».
En 1968, il rencontre Alain Barrière qui lui fait enregistrer son premier disque. « Nous sommes partis en tournée, avec les Frères Ennemis. Treize ans plus tard, je me suis retrouvé au « Caveau de la République ». Dans la salle, j'ai eu la chance qu'il y ait un soir Jacqueline Joubert. Elle a trouvé que j'étais un chansonnier qui amusait particulièrement les enfants et m'a proposé de travailler dans l'équipe de « Récré A2 » avec Dorothée. Quand celle-ci est passée sur la Une, je l'ai suivie.» Doune n'est pas jalouse de l'autre « femme de sa vie ». « Elle était costumière quand nous nous sommes mariés, en 1966. Elle est actuellement conseillère au Club Med. En 1972, nous avons eu un fils, Willy. Il a 15 ans et s'apprête à entrer en seconde dans un lycée où il existe - c'est exceptionnel - une section comédie. Ensuite, il aimerait entrer au cours de la rue Blanche et pourquoi pas au Conservatoire. »
Roux-Corbier est né, lui, en 1944 à Paris, après la Libération, d'un père parisien et d'une mère flamande. « Quand j'avais 2 ans, mon père est mort. Ma mère, qui parlait mal le français, a
peiné pour élever ses deux fils. J'ai été confié à mon parrain à Ailly-sur-Noye dans la Somme, ensuite à ma grand-mère, qui était concierge aux Halles. Et à 11 ans, je suis allé vivre chez ma mère à la Bastille. »


Perec et Cavanna
Et la musique dans tout ça ? « En partant pour l'Algérie, mon frère m'a prêté sa guitare. A son retour, deux ans plus tard, je jouais et composais texte et musique. Nous avons décidé en 1963 de monter un numéro comme les Frères Ennemis…
Nous nous sommes produits dans les cabarets sous le nom de Gouate et Mallat. Cela valait le voyage. Nous avons remporté le premier prix, et le prix spécial de l'humour, au Festival de la chanson à Rennes et la coupe des variétés du journal Paris Normandie ». Cela a duré un an. II fallait que je parte, à mon tour, sous les drapeaux, à Laval. Jean-Pierre Denys, mon frère (il a pris le nom de jeune fille de notre mère) continue seul. Il a d'abord fait des imitations avec succès et, aujourd'hui, il s'est reconverti dans le doublage de film. »
Ne vous étonnez pas si vous voyez parfois Corbier sur FR3 dans « La Classe ». « J'ai travaillé avec Fabrice voilà une dizaine d'années alors que Fabrice animait l'émission « Le Parti d'en rire », sur RTL-Télévision et Télé-Monte-Carlo. Nous étions une bande de fous bien.
sympathiques et cela a duré un an. Comme le studio de Dorothée jouxte celui de Fabrice, quand Fabrice me voit passer et qu'il a un absent dans sa drôle de « classe », il me dit : « Corbier au secours », et moi j'arrive !» Quand il n'est pas en studio avec Dorothée, François Corbier s'isole dans sa bibliothèque avec un faible pour Georges Perec et François Cavanna, qu'il relit sans cesse « J'aime aussi beaucoup la musique classique et des chanteurs comme
Brel, Brassens, Ferré, Gainsbourg, Bashung, Nougaro.
Côté télé, je suis un fana d'athlétisme. Je me contente de regarder. En 1981, j'ai eu un grave accident de la route et je suis resté immobilisé durant six mois. Je ne peux plus courir, sauter, faire du vélo comme autrefois. Alors je me contente de regarder les autres. » En songeant souvent à sa grand-mère qui vient d'avoir 96 ans : « Elle est presque aveugle et son grand chagrin, c'est de ne pouvoir me voir à la télévision. »


Vincent BALIN
Photos Bruno Schneider


RENDEZ-VOUS AU ZENITH
« Corbier, dit Dorothée est plus qu'un complice que j'ai plaisir à retrouver avec toute notre équipe, c'est un ami et, en plus, il a beaucoup de talent. »
Dorothée, qui n'a jamais été aussi populaire, sort un nouveau 45 tours, « Attention danger », accompagné d'un clip et donne rendez-vous à tous ses amis au Zénith, à Paris, à partir du samedi 26 novembre et au moins jusqu'à la fin de l'année. Il se peut que Corbier, mais aussi Jacky, Simpson-Jones et Ariane Carletti participent à son spectacle.

 

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Une photo rare qui intéresse beaucoup sa femme, Doune, et leur fils, Willy: Corbier sans sa barbe, à 22 ans. Dans son album, on le retrouve aussi à 5 ans avec le charmant petit chat de son parrain à Ailly-sur-Noye, dans la Somme : « J'y ai vécu quelques années. »

Quand François Corbier ouvre son piano de famille (il appartenait à sa femme), c'est aussi pour offrir un verre à ses amis. Voilà en tout cas un authentique piano-bar qu'il a réalisé lui-même en sacrifiant les touches et les cordes pour la bonne cause. Je bricole seulement quand j'y suis obligé ou quand j'ai une idée vraiment marrante, je me foce! François Corbier ne conseille pourtant pas à tous les musiciens en herbe de transformer ainsi leur instrument de travail.


Un mini-studio aménagé dans le sous-sol de sa maison : « Je compose toujours des chansons. »

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