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Le coup de poker de Robert Enrico

TV Magazine – 13 Juin 1988

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Au jeu du chat et de la souris, on ne sait trop, dans « Pile ou face », qui, de Philippe Noiret et de Michel Serrault, est le chat et qui est la souris. Ce duel au vitriol, Robert Enrico l'arbitrait en 1980 après une sévère traversée du désert.
PAR CHRISTIAN GONZALEZ


Avec « Pile ou face », en 1980, Robert Enrico, le réalisateur des « Grandes Gueules », des « Aventuriers » et du « Vieux Fusil », jouait son va-tout. Cinq ans plus tôt, pourtant, il avait triomphé aux césars comme au box-office avec « Le Vieux Fusil ». Ensuite, n'importe quel cinéaste aurait suivi une voie royale. Fatalitas! En fait de tapis rouge, il allait, lui, plonger dans un interminable tunnel, ricochant de projets avortés en échecs.
Les lendemains du « Vieux Fusil » avaient certes été radieux, puisqu'il entamait une superproduction avec Catherine Deneuve et, une nouvelle fois, Philippe Noiret : « Coup de foudre». Mais, cinq jours après le premier tour de manivelle, c'était la catastrophe : le producteur faisait faillite, et le film était abandonné. Dès lors, tout devait aller de mal en pis, et Enrico de trébucher tête la première dans une enfilade de déceptions. Il embrayait sur une histoire de camionneurs sur fond de golfe Persique. Vous avez dit golfe Persique? Pas la porte à côté, évidemment. Les producteurs levaient un sourcil sceptique. Un dépaysement à vous grever sérieusement un budget, ça! Bref, le cinéaste ne trouvait personne disposé à le financer. Il se rabattait sur du plus économique, un fait divers, un homme séparé de sa femme qui enlève ses enfants et se retrouve acculé par la police et les médias. Le titre : « Nous mourrons ensemble.» Pas gai, on en conviendra, mais une belle matière dramatique, un thème riche en extrapolations. Cette fois, les producteurs arboraient une moue dubitative : non seulement le sujet leur semblait cafardeux, mais qui plus est explosif.


DUEL DE SÉRIE NOIRE
Enfin, en 1979, il signait « L'Empreinte des géants ». Las c'était un échec. Mais déjà il avait démarré le tournage de « Pile ou face », d'après la série noire du Canadien Alfred Harris, « Suivez le veuf ». Un duel, un face-à-face entre un policier balourd et tenace et un petit bonhomme grisâtre dont la femme, malencontreusement (?) est tombée du sixième étage de son H.L.M. A l'origine de ce film: Georges Cravenne, publicitaire en renom, et notamment père de la Nuit des césars, dont c'était la première expérience de producteur. Pour le titre, « Pile ou face », il s'inspira du nom de son chien. En secret, Enrico y vit un signe. Cette fois, il n'avait plus droit à l'erreur. Le film ne pouvait être qu'un succès. Ce qu'il fut.


Dorothée : Un clip tropical !
«Ses premiers pas au cinéma, Dorothée les aura faits en 1978 dans « L'Amour en fuite » sous la direction de François Truffaut. « Quand il m'a contactée, je n'osais pas dire oui, se souvient-elle. Il m'a un peu forcé la main. Il aimait ma spontanéité, mon naturel.» Et, deux ans plus tard, elle trouvait son second rôle dans « Pile ou face ». « J'étais très impressionnée, surtout par Noiret, qui est si grand et si costaud. Quand il voyait que j'avais le trac Michel Serrault me disait : "Vas-y, fonce !"...» Depuis, accaparée par la télévision, Dorothée n'est plus revenue au grand écran. Et, compte tenu de ses projets, il ne faut pas compter l'y revoir de sitôt outre ses émissions, elle va sortir un disque avant l'été, tourne un clip pour accompagner le 45 tours, "Attention danger », où on va la voir donner le biberon à un tigre. Après quoi, elle sera sur la scène du Zénith à partir du 26 novembre.

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