Dorothée : « La télé, c’est ma drogue »
France-Soir – 9 novembre 1989

Elle bosse, elle bosse. Et la vie dans tout cela ?
Par définition, Dorothée est une femme pressée. Vingt heures d'antenne par semaine, ça use les nerfs. Surtout quand on s'adresse aux « 2-15 ans ». Frêle comme une allumette et forte comme un roc, la responsable de l'Unité jeunesse de TF1 ne se pose pas de questions. Elle bosse. Un point c'est tout. L'animatrice vedette se définit telle une « cheftaine » au sein d'une vraie famille. Pas de signe de faiblesse, plutôt une grande envie de continuer « à s'amuser ».
FRANCE-SOIR. - Quels sont les maîtres mots de la rentrée de Dorothée, à la télé ?
DOROTHÉE. - En un mot, c'est plus de folie.
F.-S. Vous voulez dire plus de défoulement, style « on s'envoie des seaux d'eau sur la tête ? ». Plus de délires, mais encore ?
D. - La vie est bien trop triste. Les enfants d'aujourd'hui sont surinformés. Ils savent peut-être mieux que moi les problèmes qui se posent dans le monde. La Chine, les pays de l'Est. Avec « Club Dorothée », ils veulent s'amuser, se changer les idées.
F.-S. Comment savez-vous qu'ils s'amusent ?
D. - Pour le savoir, c'est simple. Nous avons deux méthodes. D'abord la nôtre, qui consiste à nous amuser nous-mêmes. Comme nous sommes cinq animateurs, nous apportons chacun notre folie différente. Simpson-Jones est très chic british, Corbier est plutôt artiste baba (ne dites pas baba, ça va peut-être le vexer). Jacky ressemble bien à son rôle de fou, hyper show-biz, Ariane est l'opposée de moi. Elle fait toujours le contraire, et moi je suis la cheftaine, l'amie. Et puis les enfants correspondent avec nous par courrier, minitel ou téléphone, et je m'efforce de répondre à leur demande.
F.-S. Et les parents dans tout ça ? Ils ne sont pas toujours d'accord. Ils s'opposent entre autres à la violence des dessins animés japonais.
D.- Moi je dis qu'ils devraient regarder plus souvent l'émission pour savoir de quoi ils parlent. Dans les séries que nous choisissons il n'y a pas de violence gratuite. Il n'y a pas mort d'homme. Quand nous avons supprimé « Ken, le survivant », à la demande des parents, les enfants furieux nous ont écrit. Alors nous l'avons reprogrammé.
F.-S. - Avez-vous fait appel à des psychologues pour enfants, des spécialistes qui pourraient « décoder » ?
D. Nous avons réuni une commission qui travaille depuis la rentrée. Nous attendons les résultats.
F.-S.- Dorothée est devenue un trust. Vous produisez vos émissions. Vous faites des disques. Le dernier album s'est vendu à 300.000 exemplaires. Vous éditez un journal qui s'appelle « Club Dorothée » et vous préparez un nouveau spectacle à Bercy, à partir du 6 janvier.
D. Je ne suis que chanteuse au sein de la société A.B. Production. Pour TF1, là, je suis productrice exécutive. Non ce n'est pas un trust ! Et puis, vous savez, il ne me faut pas grand-chose pour être heureuse.
F.-S. Vous arrive-t-il de décompresser après les sept heures d'antenne du mercredi, les « Pas de pitié pour les croissants » du dimanche, et j'en passe ?
D. - Oui. (Du tac au tac). Sur le plateau. L'autre jour, j'ai eu un tel fou rire que mon maquillage coulait. Nous sommes une vraie famille. Après le plateau, il nous arrive d'aller dîner tous ensemble pour se raconter notre vie.
F.-S. - Et votre vie, c'est quoi ?
D. - C'est la télé et rien d'autre. Je ne sors jamais. Je ne fais pas de sport. Finalement, la télé, c'est une drogue.
Recueilli par Catherine DELMAS
DOROTHEE DEUX FOIS MERE NOEL
Dorothée, as-tu du cœur ? Oui, répond la demoiselle, qui va lancer, à Noël, deux opérations, l'une en faveur de la Guadeloupe, l'autre pour les enfants malades ou hospitalisés. Pour aider à la reconstruction des écoles endommagées de la Guadeloupe, le Club Dorothée s'associe au ministère des P.T.T., qui lance, le 29 novembre, l'opération « Écrivez au père Noël », avec des cartes postales en vente pour 10 F dans tous les bureaux de poste. « Tout l'argent ira à la Guadeloupe », assure Dorothée. Deuxième initiative : « On pense à toi. » Du 20 au 27 décembre, le message partira avec des dizaines de milliers de Jouets dans les hôpitaux où
des enfants seront contraints de passer Noël. « C'est vraiment une opération entre nous, le Club Dorothée, les sponsors et les hôpitaux, pour les enfants, dit l'animatrice. Pour cette raison, nous n'avons jamais voulu faire de publicité à ce sujet... »