Dorothée la flemme s’attaque à Bercy
France-Soir – 3 juillet 1989

Adulée. Institutionnalisée, l'idole des enfants chantera dans la méga-salle en janvier 1990 Toujours plus haut...
Mais où donc ce petit bout de femme trouve-t-il l'énergie nécessaire pour abattre autant de besognes ? Non contente de travailler toute l'année de l'aube au crépuscule, Dorothée ne prendra pas de vacances puis- qu'elle animera le « Club Dorothée tout l'été sur TF1, avant de préparer Bercy, la méga-salle qu'elle remplira probablement sans difficultés, du 6 au 21 janvier 1990.
C'est quotidiennement que la frêle Dorothée (« Do » pour les intimes) se mue en Wonderwoman cathodique pour effectuer son parcours du combattant, tâche titanesque qu'elle accomplit dans un bonheur quasi-extatique.
SINCERITÉ. « Je ne travaille pas autant qu'on le prétend, guère plus qu'un ouvrier qui ferait ses huit heures ». Elle va même jusqu'à prétendre qu'elle est paresseuse :
« Je suis une grande flemmarde. Les flemmards travaillent beaucoup mais vite. Je ne suis pas une acharnée du travail. » Vraiment ? Une chose est certaine, le phénomène Dorothée n'a jamais été démenti et l'institution fonctionne avec le même élan : " Les enfants sont mes amis. Ce qui fait le succès des émissions ou des spectacles, c'est la vie, la spontanéité avec laquelle l'équipe dialogue avec son auditoire. Il n'y a aucune recette, à part la sincérité. Ces enfants sont pour cette « entertainer » infatigable le plus intransigeant des juges : « Avec eux, on ne doit et on ne peut tricher. Le droit à l'erreur n'est pas permis, et le moindre faux-pas est immédiatement sanctionné. » La fée Dorothée ne s'est jamais permis un quelconque dérapage et est attentive au moindre signe d'érosion de son style : « Mon équipe et moi-même sommes évolutifs et nous adaptons sans cesse. J'ai banni définitivement de mon vocabulaire les mots « habitude » et « routine ». Elle n'a encore aucune idée de ce que sera ce Bercy qu'elle redoute tout de même un peu : « J'ai le trac, bien sûr. Mais il est trop tôt pour s'encombrer l'esprit avec ça, j'y penserai en temps voulu. Je n'ai pas l'habitude de planifier. »
FIBRE MATERNELLE. Ni son métier, ni sa vie privée : « J'ai envie d'un enfant, mais ça ne se commande pas. Ma fibre maternelle est très développée, je me console en me disant que tous mes petits spectateurs sont à moi : j'en ai les avantages sans les inconvénients. Une envie qui n'exclut pas un grand sens des réalités : « Je serai très sévère. Les enfants doivent recevoir une bonne éducation et bien se tenir ». Car si l'idole des petites têtes blondes n'a vraiment rien d'une fée carabosse, elle refuse catégoriquement toute concession à la mièvrerie, ce qui n'est pas le cas de certaines de ses consœurs : « Je ne suis pas une gentille, vous savez. Il y a beaucoup de gens que je ne supporte pas, comme les doucereux, les mollassons ou les hypocrites. En plus, j'ai un caractère de cochon ! ». Averses qualités et ses défauts avoués donc pardonnés. Dorothée est authentique. Les enfants ne s'y sont pas trompés : c'est pour cela qu'ils la vénèrent.
Richard GIANORIO