La fin de la récré?
Platine - Décembre 2007
La chanson pour enfants
une chanson douce...
Le triomphe des retours de Dorothée dans «Vivement dimanche » et de Chantal Goya sur scène sont un signe des temps. Les enfants des années 70 et 80 sont désormais des parents et ont envie de partager avec leurs descendants les émotions de leur enfance. Si nous les avons choisies pour la une de ce numéro de Noël, la fête des enfants, c'est qu'en France aucun autre artiste n'a chanté aussi longtemps et aussi exclusivement pour les enfants.
Panorama d'Henri Salvador à Henri Dès. D'autres que Chantal ou Dorothée ont peut-être chanté plus longtemps pour les enfants, mais pas exclusivement. Avec plus de 60 ans de chanson, il y a bien sûr en tête Henri Salvador qui a plu aux enfants dès les années 40, ses débuts dans l'orchestre de Ray Ventura où il imitait Popeye, avant de signer une des plus « historiques chansons françaises pour enfants, « Le loup, la biche et le chevalier, alias Une chanson douce» au début des années 50. Après d'autres succès pour le même public comme « Petit indien », « L'abeille et le papillon » .... Henri est devenu l'ambassadeur de Disney en France au milieu des années 60, suite à « Minnie petite souris » et « Zorro est arrivé ».
Cependant, Salvador n'a jamais été exclusivement un chanteur pour enfants. Il a toujours eu un répertoire adulte en parallèle, de « Syracuse » dès 1963 à « Jardin d'hiver » en 2000.
Annie Cordy, dès 1952, a préféré les titres énergiques et souriants et a, ainsi, tout de suite plu aux gamins avec « La fille du cov-bois », « Bonbons caramels », « La ballade de Davy Crockett », « Hula hoop », «Docteur miracle »... Elle leur est toujours restée fidèle, même si elle a également été une chanteuse pour adultes, chantant le jazz, « Petite fleur », le rock, « Roly poly", l'opérette, avec Georges Guétary, Mariano, Bourvil...., et la comédie musicale « Hello Dolly». Après des années 60 tout azimut, elle s'est cependant concentrée sur les enfants des années 70/80, devenue reine de l'onomatopée, avec « La bonne du curé », « Frida oum papa », « Les Lapons », « Boing-Boing », « Tata yoyo », « Cho ka ka o »...
Evidemment, on peut aussi considérer à juste titre que les chanteurs yéyés, notamment français chantaient aussi pour les enfants (Clocio et Sylvie ont même enregistré des abums affichés clairement pour enfants). Mais eux non plus n'ont jamais été exclusivement des chanteurs pour enfants, grandissant avec leur public.
La première chanteuse 100% pour enfants, enchaînant les générations successives et n'en suivant aucune, est certainement Chantal Goya dès 1975 avec « Adieu les jolis foulards », suivie par Dorothée en 1980 avec un album de vieilles chansons françaises. Aucune autre ou aucun autre artiste ne leur consacrera toute sa carrière, n'aura leur impact, ne vendra autant de disques, ne fera autant de spectacles, même si Douchka a été l'ambassadrice Disney au milieu des années 80, suite à Salvador. Suite également à Chantal et Dorothée qui ont respectivement enregistré « Allons danser avec Mickey » et «Rox & Rouky » pour la société créée par le grand Walt. On passera rapidement sur Karen Chéryl qui, elle aussi, s'est consacrée aux enfants après une carrière à la Sheila, notamment disco. Quant aux chanteurs pour enfants «culturels », comme Anne Sylvestre ou Henri Dès, qui lui aussi s'est entièrement consacré aux petits, s'ils ont toujours eu le soutien de certains médias, ils n'ont jamais eu l'impact populaire de Chantal ou de Dorothée et leurs chansons n'ont pas débordé sur le grand public via les médias.
La fin de la Récré ?
Animatrice de télé depuis les années 70, chanteuse depuis les années 80, Dorothée avait disparu de l'antenne et de la scène en 1997, avec le Club qui portait son nom, après un conflit entre TF1 et ses producteurs, AB. Réapparue huit ans plus tard, dans un « Vivement dimanche Chantal Goya », elle a laissé remixer son succès « Hou la menteuse ! » en 2006, avant d'accepter de collaborer aux « Années Dorothée », un livre sur les années 78 à 97 qui vient de sortir. A cette occasion, elle a accepté un « Vivement dimanche » en invité vedette et une poignée d'interviews, dont celle-ci pour Platine où, pour la première fois, elle parle de sa carrière de chanteuse et d'animatrice passée... et à venir?
COMMENT VIVEZ-VOUS CE RETOUR SOUS LES PROJECTEURS ?
Les réactions sont positives, mais pour l'instant, je n'ai encore rien fait de concret.
IL Y A QUAND MÊME UN BEAU LIVRE, « LES ANNÉES DOROTHÉE », QUE VOUS AVEZ SIGNÉ AVEC JACQUES PESSIS...
Oui, avec toute une équipe, et auquel j'ai collaboré pour la partie qui me concerne. Comme c'est un livre chronologique, cela m'a permis de me remémorer des choses que j'avais oubliées.
QUE VOUS ÉVOQUENT CES VINGT ANS DE CARRIÈRE AU SOMMET, RÉSUMÉS DANS CE LIVRE ?
Ni vertige, ni nostalgie. C'est comme un album photos de famille. J'ai la nostalgie de ma famille, des années 50 que je n'ai pas connues, mais pas de ce qui me concerne.
COMPRENEZ-VOUS LA NOSTALGIE DE VOS FANS, QUI SE SONT IDENTIFIÉS AU CLUB DOROTHÉE, AU POINT DE VOUS CONSIDÉRER COMME LEUR FAMILLE ?
À l'époque de mes émissions pour la jeunesse, je me suis toujours défendu de remplacer les parents et la famille. Nous étions là juste pour amuser et distraire. Souvent, dans les dédicaces, les enfants, qui aujourd'hui sont des adultes, me disent que je suis un peu leur nounou, et ça me va très bien.
ET VOUS, QUELLE ENFANT ÉTIEZ-VOUS ?
Très garçon manqué, avec un petit côté chef de bande. J'ai hérité ça de ma mère.
D'OÙ VOUS EST VENUE CETTE PASSION DE LA CHANSON?
Mon père chantait et jouait du piano. Moi j'ai pris des cours de piano, de danse et de saxo, et j'ai découvert sur le tard la musique avec les yéyés j'aimais le twist, le rock, et Marie Laforêt, que j'écoutais en boucle. J'ai eu aussi ma période « feu de camp » avec Sheila et Hugues Aufray. Chez mes parents, on n'écoutait pas de « musique jeune », ça en restait à Brassens. On n'avait pas la télé non plus. C'est pour ça qu'aujourd'hui je suis boulimique de télé.
QU'AIMIEZ-VOUS CHEZ MARIE LAFORÊT ?
Elle avait mille facettes, elle pouvait aussi bien être très sérieuse et élégante, que complètement déjantée. Elle était différente des autres. Quand, bien plus tard, Michel Jourdan m'a écrit des chansons, j'étais très fière, car il en a écrit beaucoup pour elles, notamment « Les vendanges de l'amour ».
AU COLLÈGE NOTRE-DAME DE BOURG-LA- REINE, OÙ VOUS AVEZ GRANDI, QUELS DISQUES ÉCOUTIEZ-VOUS ?
Les comédies musicales, comme celles de Fred Astaire. Je n'ai découvert la musique pop qu'avec l'album blanc des Beatles, que je piquais à mon grand frère, les disques de Simon and Garfunkel, parallèlement à mon premier séjour en Angleterre en 1966.
JACQUELINE JOUBERT VOUS REPÈRE EN 1970, DANS UN CONCOURS DE THÉÂTRE AMATEUR, ET VOUS LANCE, EN 1973, COMME PRÉSENTATRICE DES « MERCREDIS DE LA JEUNESSE ». ÉTAIT-ELLE SÉVÈRE AVEC VOUS ?
Oui, très. Mais c'est ce qui m'a fait avancer. À l'époque, je ne pouvais pas re-visionner mes
émissions, les avis extérieurs étaient donc très importants. Ensuite, en 1975, à la fin de I'ORTF, j'ai animé la rubrique « Le club » dans « Les visiteurs du mercredi » de Christophe Izard, qui au bout d'une saison m'a remerciée, en me disant que je n'étais pas faite pour les émissions de jeunesse !.... Après une année creuse passée à taper aux portes, et où tous ceux qui avaient promis de m'aider m'ont dit qu'ils ne pouvaient rien faire pour moi, je suis devenue speakerine sur Antenne 2, en avril 1977.
EN SEPTEMBRE DE LA MÊME ANNÉE, VOUS REVENEZ AUX ÉMISSIONS POUR ENFANTS, AVEC LA QUOTIDIENNE DOROTHÉE ET SES AMIS TOUJOURS SUR ANTENNE 2. COMMENT EXPLIQUEZ-VOUS QU'ON AIT TOUJOURS PENSÉ À VOUS POUR DES ÉMISSIONS JEUNESSE ?
Peut-être parce que j'avais le même âge que mes téléspectateurs, en tout cas dans la tête.
EN 1976, DANS VOTRE PÉRIODE CREUSE SANS TÉLÉ, VOUS FAITES DIFFÉRENTS PETITS BOULOTS, COMME SECRÉTAIRE ET MÊME DOUBLURE LUMIÈRE. IL FALLAIT UNE SACRÉE HUMILITÉ...
J'ai toujours aimé connaître l'envers du décor. Quand j'animais mes émissions, je ne me contentais pas de venir sur le plateau, j'allais aussi en montage, en visionnage. J'aime comprendre comment ça se passe derrière. À mes débuts, quand j'étais speakerine, j'adorais par exemple aller en coulisses dans les émissions de Guy Lux. Je posais mille questions au réalisateur, Bernard Lion. Je voulais tout apprendre. Plus tard, quand j'ai eu la responsabilité de l'unité de programmes Jeunesse et Familiaux de TF1, j'avais des écrans de contrôle dans mon bureau et je surveillais les tournages des fictions AB.
EN 1978, VOUS AVEZ CRÉÉ SUR ANTENNE 2 LA PREMIÈRE UNITÉ JEUNESSE SUR UNE CHAINE DE TÉLÉ FRANÇAISE...
Ce n'était pas moi, attention : c'était toute une équipe, dirigée par Jacqueline Joubert. Je n'ai jamais travaillé en solitaire. Quand Jacqueline a été nommée à la tête de cette unité, elle m'a rappelée et on a démarré « Récré A2 ».
NEUF ANS PLUS TARD, VOUS PARTEZ SUR TF1, OÙ VOUS AVIEZ LE TITRE DE DIRECTRICE D'UNITÉ DE PROGRAMMES : ÉTAIT-CE UNE VRAIE FONCTION OU JUSTE UN TITRE HONORIFIQUE?
Ah non, j'en étais capable, qu'est-ce que vous croyez !?
VOUS VOUS OCCUPIEZ AUSSI DU BUDGET?
Pas du tout. Moi je m'occupais de l'artistique, pas d'argent. Je connais mes limites, sinon on aurait été en faillite assez rapidement (rires).
POURQUOI ÊTRE PARTIE SUR TF1 ?
Ils me l'ont proposé, et c'est un choix qu'on a fait en équipe, avec AB productions.
CELA VOUS A BROUILLÉE AVEC JACQUELINE JOUBERT, DONT VOUS AVEZ ASSISTÉ AUX OBSÈQUES. L'AVEZ-VOUS REVUE AVANT SA MORT, EN 2005 ?
Très rarement...
C'ÉTAIT ELLE QUI NE VOULAIT PAS...
On peut dire ça, mais n'en parlons plus, c'est le passé. On s’était reparlé au téléphone, ça s'était arrangé et on devait se revoir, et puis on n'a pas eu le temps.
VENONS-EN À VOTRE CARRIÈRE DE CHANTEUSE. MALGRÉ VOTRE PASSION DE LA MUSIQUE, VOUS AVEZ COMMENCÉ À CHANTER PROFESSIONNELLEMENT ASSEZ TARD, SUR L'INSISTANCE DE JEAN-LUC AZOULAY, QUE VOUS RENCONTREZ EN 1979...
Petite, je faisais des petits spectacles avec des copines. Mais quand Jean-Luc Azoulay m'a demandé de chanter, j'ai répondu « Non ! » tout de suite. Je n'avais jamais pris de cours, je ne voulais pas être chanteuse. Au départ, je devais juste être narratrice sur un disque, et les contes que je racontais étaient accompagnés de mélodies instrumentales. C'était une sorte de comédie musicale qui s'appelait « Dorothée au pays des chansons ». Puis finalement Jean- Luc m'a demandé de chanter aussi dessus, au départ une ou deux réponses chantées, puis davantage. Finalement, après quelques essais en studio, je me suis laissée convaincre (Ndlr: son premier disque sort en 1980).
S'ENSUIVENT SEIZE ALBUMS, ET DES MILLIONS DE DISQUES VENDUS, AVEC DES CHANSONS QUASIMENT TOUTES ÉCRITES POUR LES TEXTES PAR VOTRE PRODUCTEUR, JEAN-LUC AZOULAY, SOUS LE NOM DE JEAN-FRANÇOIS PORRY, ET POUR LES MUSIQUES PAR GÉRARD SALESSES....
Oui, même si chaque album contenait toujours en plus une chanson signée Michel Jourdan, qui m'a même offert une chanson coécrite par Charles Aznavour, « Chagrin d'amitié ».
POURQUOI N'AVOIR JAMAIS FAIT DE REPRISES OU D'ADAPTATION D'UN VIEUX ROCK'N'ROLL?
Je l'ai demandé parfois à Jean-Luc Azoulay, mais il a dit non.
POURQUOI À VOTRE AVIS ?
Il faudrait lui demander...
POUR DES RAISONS DE DROITS D'AUTEUR, NON?
Je ne sais pas. Je ne me posais pas ce genre de question. Mais il m'est arrivé de lui demander de me faire une chanson dans tel style, par exemple comme Marie Laforêt.
DANS VOTRE RÉPERTOIRE, ON TROUVE BEAUCOUP DE CHANSONS FAITES « À LA FAÇON DE », QUI RESSEMBLENT À DES DÉMARQUES DE CHANSONS EXISTANTES...
C'est logique : il n'y a pas beaucoup de notes sur une gamme.
ET MÊME DES CHANSONS DANS LE STYLE DE SYLVIE VARTAN, DONT AZOULAY A ÉTÉ LE SECRÉTAIRE...
Peut-être, je ne m'en suis pas rendu compte.
TRÈS VITE VOUS AVEZ MÉLANGÉ VOS PASSIONS, LE CHANT, LA TÉLÉ ET LA COMÉDIE DANS DES SHOWS TÉLÉ...
C'était l'idéal pour moi. Faire des shows à la façon des Carpentier. En 1983 on a fait un premier show avec, entre autres, Karen Chéryl, Philippe Bouvard, puis d'autres ont suivi. Mais on n'a pas fait que ça : par exemple, on a fait les collections de vieilles chansons françaises, qu'on enregistrait sur disque et pour la télévision. On a dû en faire 250, en parallèle de mes propres chansons.
QUELLES SONT VOS CHANSONS PRÉFÉRÉES DANS VOTRE RÉPERTOIRE ?
Des chansons que personne n'aime. Par exemple « Hello, hello », qui a été ma première chanson lente. De toute façon, si on n'aime pas une chanson, on ne peut pas la chanter.
QUI CHOISISSAIT LES CHANSONS DE VOS SPECTACLES ET L'ORDRE DU TOUR DE CHANT, VOUS ?
Non, le metteur en scène et mon producteur, Jean-Luc Azoulay, qui sait très bien faire ça.
SUR VOS QUATRE DVD DE CONCERTS DE 1990, 1992, 1994 ET 1996, ON TROUVE QUATRE CHANSONS INCONTOURNABLES, QUE VOUS FAISIEZ SYSTÉMATIQUEMENT. LESQUELLES ?
Je n'en ai aucune idée ! Je les mélange toutes. Je dirais « Maman », « Le tremblement de terre», « Allo allo Monsieur l'ordinateur », et « Nicolas et Marjolaine ».
EXACTEMENT, VOUS VOYEZ QUE VOUS ÊTES AU COURANT!
« Nicolas et Marjolaine », tout le monde la connaissait, même les parents, même en Chine!
COMBIEN DE FOIS ÊTES-VOUS ALLÉE EN CHINE?
Trois fois. La première fois après le Bercy 90, pour le Festival de Télévision de Shangai. Deux autres fois pour des concerts. C'était la folie là-bas, j'ai même déclenché une émeute!
AVIEZ-VOUS CHANTÉ EN CHINOIS ?
Une ou deux chansons, en phonétique.
VOUS AIMEZ LES VOYAGES?
J'en ai beaucoup fait pour la télévision. Mais sinon, je suis d'une nature assez casanière.
CA VOUS AMUSERAIT DE RECOMMENCER TOUT ÇA: LES DISQUES, LA TÉLÉ, LA COMÉDIE...
On ne peut pas refaire ce qui a été fait.
POURTANT ON PARLE D'UN PROJET D'ÉMISSION SUR LA TNT, ANNONCÉ PAR JEAN LUC AZOULAY...
Pour l'instant, rien n'est fait, et je n'aime pas qu'on annonce des choses qui ne sont pas faites. Je ne suis opposée à rien, mais il faut que je sente le projet et que ça me plaise pour accepter.
VOUS A-T-ON DÉJÀ REPROCHÉ ALORS DE MÉLANGER LES GENRES ?
Oh oui ! J'ai été speakerine, j'ai fait des émissions pour la jeunesse, de la comédie, et en plus je me suis lancée dans la chanson et les spectacles. Ça a été mal vu à l'époque. Je ne voulais pas choisir.
CA N'A PAS EMPÊCHÉ FRANÇOIS TRUFFAUT DE VOUS FAIRE TOURNER DANS « L'AMOUR EN FUITE » EN 1978 ?
Au contraire, c'est ça qui l'intéressait. J'étais à la télé depuis cinq ans (Ndlr: elle a commencé sur Antenne 2 en 1973). Au départ je ne devais faire qu'une petite apparition aux côtés de Jean-Pierre Léaud, et puis finalement il a étoffé mon rôle au fur et à mesure, et moi j'ai suivi. C'est arrivé un peu par hasard, sans je ne sollicite rien.
VOUS AVEZ ENSUITE FAIT UN DEUXIÈME FILM, PILE OU FACE» (1980) AVEC ROBERT ENRICO, PUIS PLUS RIEN. VOUS AURIEZ AIMÉ CONTINUER LE CINÉMA ?
Bien sûr. Mais je ne suis pas du genre à frapper aux portes. D'autant qu'à mes débuts j'étais assez timide, ma personnalité n'était pas très affirmée.
AVEC TOUTES CES ACTIVITÉS PROFESSIONNELLES, AVEZ-VOUS EU LE TEMPS D'AVOIR UNE VIE PRIVÉE SÉPARÉE ?
C'est vrai qu'à une époque, toute ma vie était occupée par le travail.
VOS PARENTS SONT MORTS, VOTRE PÈRE EN 1977, VOTRE MÈRE VINGT ANS PLUS TARD. COMMENT L'AVEZ-VOUS VÉCU, VOUS QUI N'AVEZ PAS D'ENFANTS?
Ça a été épouvantable. Mais c'est aussi dur de perdre ses parents quand on a soi-même des enfants. J'étais très proche d'eux, de ma famille, de mes racines. Ils sont partis trop tôt. Mais là vous m'entraînez loin de la musique...
PARCE QUE VOUS ÊTES CERTAINEMENT PLUS PROFONDE QUE VOUS EN AVEZ L'AIR...
Peut-être, mais je n'ai jamais parlé de mes problèmes. Je respecte les autres, et l'on n'a pas à les ennuyer avec ses soucis. Mes jardins secrets, je les ai toujours gardés. Le but de ma vie télévisuelle, c'était de donner de la joie, je n'étais pas là pour faire pleurer sur moi.
VOUS INTÉRESSEZ-VOUS À L'ACTUALITÉ ? ON SE DOUTE QUE VOUS N'AVEZ PAS VOTÉ POUR SÉGOLÈNE, QUI À L'ÉPOQUE AVAIT VIVEMENT CRITIQUE VOS ÉMISSIONS?
Je ne parle pas de politique, mais elle n'a pas eu ma voix c'est certain ! C'était une attaque personnelle, car moi je n'ai jamais fait de politique.
LA MAIRIE DE PARIS A BEAUCOUP SOUTENU VOS SPECTACLES À L'ÉPOQUE DE JACQUES CHIRAC. VOUS ÊTES PLUS PROCHE DE LA DROITE QUE DE LA GAUCHE ?
Je n'ai jamais été aidée par Jacques Chirac ! C'est la Mairie de Paris qui achetait mes spectacles pour offrir des places gratuites aux enfants. Point. Ca n'avait rien de politique. Et d'ailleurs, j'ai aussi chanté pour l'arbre de Noël des enfants du personnel de l'Elysée, pour Mitterrand, à l'Opéra pour Raymond Barre...
PAS POUR LA FÊTE DE L'HUMA...
Non, en plus, généralement, il pleut !
VINGT ANS APRÈS, LES REPROCHES QU'ON VOUS A FAITS DE DIFFUSER DES DESSINS ANIMÉS JAPONAIS VIOLENTS PARAISSENT BIEN DÉRISOIRES...
C'est sûr. Et puis ce n'est pas bon de faire croire aux enfants que tout est bleu et rose, comme on l'a fait à une époque aux USA, car la réalité, ce n'est pas ça. Notre rôle, aussi, en tant qu'animateurs, c'était de dédramatiser, de montrer que les dessins animés c'était de la fiction.
AVEZ-VOUS LU LE LIVRE DE JACKY?
Pas encore en entier... Je suis plutôt polars. Jacky annonce beaucoup de choses sur notre retour, il y croit. Mais il n'est pas méchant.
AURIEZ-VOUS ENVIE D'ÉCRIRE VOS MÉMOIRES?
Ce livre, « Les années Dorothée », ce sont mes mémoires. C'est Cabu, un de mes grands fidèles, qui en a dessiné la couverture.
SI C'ÉTAIT À REFAIRE, VOUS RECOMMENCERIEZ DE LA MÊME FAÇON ?
J'assume les hauts et les bas, les marches de l'escalier que j'ai montées et celles que j'ai dégringolées. C'est ça, la vie.
PROPOS RECUEILLIS LE 17 NOVEMBRE 2007.