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L'action et la bagarre, les enfants adorent ça!"

Télé star - 1990

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Critiquée pour la violence des dessins animés qu’elle propose sur TF1, Dorothée se défend. Ses alliés : les enfants, eux-mêmes, qui protestent quand les parents s’érigent en censeurs de leurs programmes. Sur la scène de Bercy, Dorothée a réussi à apaiser ce conflit de générations !

 

Télé Star : Après Johnny Hallyday et Michel Sardou, vous chantez devant les douze mille spectateurs de Bercy. Le trac, vous connaissez ?

Dorothée : Dans ma loge, je passe de l'énervement à la crise de larmes. Quand j'entre sur scène, mes jambes ne me portent plus. Je m'accroche à mon micro, déjà trop lourd pour moi. Après, c'est tellement génial, que je voudrais que le spectacle ne s'arrête jamais. Je sais aussi qu'un public d'enfants pardonne davantage un trou de mémoire. Mais on a intérêt à lui plaire. Sinon...

 

Votre avis sur le livre de Ségolène Royal, député des Deux-Sèvres et auteur du « Ras-le-bol des bébés zappeurs », dénonçant la violence dans les programmes pour enfants, les vôtres compris ?

Ni elle ni quiconque n'a le droit de dicter aux parents leur façon de penser. Même les enfants décident de ce qu'ils veulent voir en matière de programmes de télé. Un exemple : ce dessin animé (« Ken »), que j'ai décidé de supprimer de l'antenne, parce que jugé trop violent par certains parents. La riposte des enfants fut telle que j'ai organisé un référendum par l'intermédiaire du minitel, du téléphone et du courrier. Quatre-vingt-dix pour cent de ceux qui nous regardent réclamaient sa diffusion. J'ai cédé, laissant aux parents le soin de la décision.

 

Ségolène Royal prétend que la télévision est du baby-sitting à vingt-trois centimes de l'heure ?

Encore une erreur de sa part. Avec TF1, c'est gratuit. Elle oublie qu'elle culpabilise les mamans qui travaillent.

 

Vous avez constitué un comité de psychologues pour analyser le contenu de vos programmes...

Ce comité est en train de se former. Ces quatre psychologues tiennent à conserver l'anonymat, mais leurs premiers rapports sont positifs.

 

Qui, jusqu'alors, vous garantissait que les dessins animés japonais ou américains, diffusés le mercredi et le dimanche sur TF1, ne portaient pas atteinte à la sensibilité des enfants ?

Je travaille avec les Japonais depuis six ans. Leur production est créée par ou avec des psychologues. Mine de rien, je constate que nous nous rapprochons de ce peuple. En 1980, nous totalisions vingt ans de retard sur eux. Aujourd'hui, compte tenu de la fabrication du dessin animé et de sa date de programmation chez nous, deux années à peine nous séparent. Il faut mettre les Américains à part. Aux États-Unis, les ligues de protection de l'enfance font vraiment trop de zèle. Hyper protégés, les petits n'apprennent pas à se battre dans la vie. D'où une recrudescence de la délinquance chez les adolescents.

 

Pour vous, une certaine violence à la télé serait nécessaire ?

Je ne parle pas de violence, mais plutôt d'action et de bagarre. La violence, les enfants l'ont découverte dans les reportages sur la Roumanie, avec les charniers de Timisoara, par exemple. Ils ont compris que ça, c'était la réalité. Parce que l'enfant a changé. Grâce à la télévision. Cela ne doit pas empêcher les parents - même s'ils travaillent - de prendre le temps de discuter avec eux, pour dédramatiser les images horribles. Moi-même, j'ai besoin qu'on m'explique ce qui se passe en politique. Car, dans ce domaine, j'ai encore deux ans.

 

Pourquoi deux tiers de vos programmes sont-ils importés ?

Trouvez-moi des productions françaises sympas. Dans ce domaine, on a vingt ans de retard. On a cessé de produire des dessins animés, art jugé mineur, alors qu'on pourrait en vendre aux pays à qui nous en achetons. Mon équipe projette d'en créer. Mais il faudra des années pour rivaliser avec l'étranger.

 

Que pensez-vous de la future charte des droits de l'enfant ?

Il y a « Les droits de l'homme ». C'est aux associations qui s'occupent d'enfants martyrisés et autres de renforcer leur action.

 

Le jour où vous aurez un enfant, quel genre de mère serez-vous ?

J'attends d'être sortie de l'enfance pour en mettre un au monde. Ce jour-là, je serai une mère très sévère. Comme le fut la mienne. L'éducation, ça sert dans la vie.

Annick Rannou

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