top of page

Dorothée : « je suis un personnage de bande-dessinée »
Trente jours – Juillet 1984

1984 - Je suis un personnage de bande dessinnée.png

Tout a commencé du temps de l'ORTF quand Jacqueline Joubert, responsable des émissions pour la jeunesse sur la première chaîne française - poste qu'elle occupe actuellement pour A2- lui a proposé après des tests concluants d'animer, avec une marionnette, une émission pour les jeunes le mercredi après-midi. Dorothée venait d'un con- cours de théâtre amateur. Un personnage, Dorothée. Un dynamisme à toute épreuve, un charme qui n'agit pas que sur les enfants, une gentillesse naturelle. Une indéniable sincérité qui ne peut laisser insensible.
Je considérais la TV comme un rêve inaccessible, nous a-t-elle expliqué. Les émissions pour enfants ? Un coup de hasard. Ce public est fascinant. Dès le départ, le contact s'est établi, on a reçu beaucoup de courrier. Une sorte de miracle qui ne s'explique pas ! Moi, je sais une chose : je suis sincère à la télévision, que je sois de mauvaise humeur ou joyeuse. Je crois que c'est grâce à cela que le contact s'établit. Je fais aussi en sorte que les enfants participent.


- La chanson joue un rôle important dans vos émissions. Et les disques pour enfants ?
- C'est un escalier, si je puis dire. Les enfants pourraient m'aimer à la TV et pas mes chansons. J'ai la chance qu'elles soient de qualité. Encore un travail d'équipe. Pour les enfants, un disque de Dorothée, c'est un peu la suite de la TV et des spectacles, leur domaine privé. Une chanson, c'est de la comédie ; il faut pouvoir retransmettre l'émotion, le rire. Si je ne trouvais pas le déclic quelque part, je ne ferais pas de chanson. Je suis comme les enfants : si cela leur plaît, pas d'effort à faire. Un jour, dans un spectacle, motion est passée avec « Quand on le veut vraiment, on réussit », j'ai pleuré et tous les enfants de la salle m'ont soutenue. Je n'avais pas triché.


Dorothée est très famille. Depuis la disparition de son père, sa mère, son frère et sa grand-mère sont devenus encore plus proches. Elle n'a toujours pas coupé le cordon ombilical. Les enfants, d'une certaine manière, ressentent cette ambiance.

- En France, ce qui m'ennuie un peu à la télévision, c'est l'envahissement de la technique. Plus de chanteurs, mais des vidéoclips. J'essaie de ramener un peu de chaleur humaine. Notre rôle d'animateurs d'émissions pour enfants consiste à essayer de leur parler. Mais je ne remplace pas la famille, ni surtout pas les maîtres. Je suis là pour les distraire. Un rendez-vous pour s'amuser.


- Des nouveautés prévues pour « Récré A 2 » ?
- Nous pensons partir aux Etats-Unis cet été et faire découvrir l'Amérique à travers notre émission. Disneyland, par exemple. Trois fois par an, nous proposons aussi « Disney Dimanche ». On pourra y faire découvrir les Smurfland qui viennent d'ouvrir. On enregistrera cet été et l'émission passera en septembre sur le petit écran. Je ferai peut-être aussi un autre spectacle de télévision pour la fin de l'année. Et je pense sortir un disque 33 tours composé de chansons pour les familles, souhaitant qu'elles puissent atteindre aussi les parents. On y entendra également ma première chanson d'amour.


- Où vous situez-vous par rapport à Chantal Goya ?
- Cela fait dix ans que je travaille – ou plutôt que je m'amuse - avec les enfants. Et beaucoup de télévision. Chantal Goya fait des spectacles pour enfants depuis six ans et peu de TV. Mais j'ai commencé plus tard dans la chanson. Notre approche est différente : et dans les spectacles (je préfère ce qui est plus intime), et dans les chansons. A chacun son rendez-vous.


- Le temps passe et vous êtes toujours là, fidèle au rendez-vous des enfants. Cela vous amuse-t-il toujours autant ?
- Toujours ! Dans ma tête, je ne bouge pas. Les enfants aussi font des efforts. J'ai l'impression d'avoir ni âge, ni sexe. D'être un personnage de bande dessinée. C'est vraiment amusant. Dans la rue, les enfants me lancent « Tiens, salut !», comme si nous nous connaissions depuis des années. Cela fait vraiment plaisir. Je suis la copine des enfants, leur amie, la grande sœur de certains. Vous savez qu'on fait des thèses sur « Dorothée et les enfants » ? Je remarque qu'ils croient encore à l'imaginaire, à la rêverie, aux contes de fées, tout en sachant que ce n'est pas vrai. J'ai peur qu'un jour les enfants perdent cette fraîcheur. La TV est un rendez-vous nécessaire. Si j'arrête, c'est que les enfants en auront assez et que je ne serai plus sincère. Pour le moment, ce travail est toute ma vie, ma passion. J'y passe tout mon temps. Je ne pense qu'aux émissions. Je peux arriver malade sur le plateau, mais dès que le direct commence, je me sens bien. La magie du spectacle. Tintin tombe-t-il malade ?


Richard Pava

bottom of page