Je suis restée la grande sœur
Le parisien – 26 avril 2008
ONZE ANS que la génération « Club Dorothée» attendait ça. Le 20 mars dernier, elle l'a fait. A 55 ans, Frédérique Hoschedé, alias Dorothée, a remis les pieds dans le PAF avec sa bande de toujours, Jacky, Ariane et Patrick, sur IDF 1, la chaine locale de son inséparable producteur, Jean-Luc Azoulay. Et pas timidement. « Dorothée ! Choisissez vos animateurs!»-que la présentatrice vient promouvoir aujourd'hui à 20 h 50, sur TF 1, dans « le Grand Soir d'Attention à la marche », c'est une heure d'antenne quotidienne et un prime time le samedi pour dénicher des espoirs de la télé. Le tout entrecoupé de dessins animés japonais et de séries, comme à la grande époque. Après une décennie de silence, où elle s'occupait comme consultante et n'accordait pas d'interviews (« Quand t'as rien à dire, tu dis rien !»), la revoilà sur le pont chaque jour de 17 heures à 21 heures. La queue-de-cheval blonde a disparu, mais pas la touchante simplicité et cette voix sucrée qui n'a pas pris une ride.
Qu'avez-vous ressenti en revenant sur un plateau ?
Dorothée. Enormément de trac. J'en ai toujours eu, mais là j'avais peur de ne plus savoir faire. Heureusement, il n'y avait pas eu de cassure avec l'équipe, cadreurs y compris. On était restés en contact et on a retrouvé nos marques sur le plateau, progressivement. Quand j'ai reçu les courriers des fans me félicitant pour l'émission, j'ai su que c'était bon ! Ils ont toujours été là pour moi, même quand je ne faisais rien.
Vous êtes quasi un membre de la famille pour eux ?
Ils me connaissent depuis qu'ils sont nés, ou presque ! Je suis restée un peu la grande sœur. Je n'ai jamais voulu remplacer qui que ce soit. Ni les professeurs, ni les parents. Je voulais être l'amie pour les gamins qui n'avaient pas la chance d'aller au centre aéré ou de partir en vacances à la neige. Aujourd'hui, leur soutien ne faiblit pas. Et même les gens qui ne m'aimaient pas à l'époque ont un petit peu changé d'avis.
Ils vous le disent?
Oui, que ce soit des journalistes ou des mères de famille. « J'interdisais à mes enfants de vous regarder, mais maintenant les enfants n'ont plus rien, il faut que vous reveniez ! » Même l'humoriste Booder dit dans son one-man-show, en substance: «Ceux qui faisaient des bêtises dehors, c'est les petits crétins qui ne regardaient pas le Club Dorothée. »
Pourquoi avoir refusé de parler de vous, pendant toutes ces années passées a hors antenne ?
Je n'allais pas pleurer parce que ça s'était arrêté. Ça ne sert à rien de revenir sur le passé. Il faut garder ce qu'on a acquis, mais faire autre chose aussi. C'est pour ça qu'avec mon émission, j'essaie de passer le relais, de partager cette passion de la télévision. J'ai de la chance.
Pourquoi Corbier n'est-il pas de la partie ?
C'est lui qui n'a pas voulu. Pas parce qu'il est fâché, mais parce que ses concerts lui prennent beaucoup de temps. Il a failli être là pour la première, et finalement ça n'a pas pu se faire. Mais si on refait un truc spécial il viendra. Il est toujours avec nous.
Vous avez hésité avant de dire oui à Jean-Luc Azoulay ?
J'ai travaillé si longtemps avec lui.... Je me suis dit: «Si c'est pour créer du neuf, alors c'est marrant.» Avant, nous étions la petite chaîne dans la grande chaine. Maintenant, la petite
chaine dans la petite chaîne... On fait les choses dans la détente, mais avec la conscience qu'on a une responsabilité. Celle de redonner un peu de joie de vivre, comme avant.
PROPOS RECUEILLIS PAR CHARLOTTE MOREAU