« Je ne suis pas la rivale de Dorothée »
L’Yonne républicaine – 7 février 1985
La rivalité continue entre TF1 et Antenne 2. TF1 vient de marquer enfin un point pour l’heure essentielle de 19hr45 précédent immédiatement le journal télévisé, en engageant Collaro qui fait à peu près jeu égal avec Philippe Bouvard. Malheureusement Collaro ne continuera plus très longtemps sin « Cocoricocoboy » qui réclame un énorme travail de d’imagination et de création, alors que Bouvard peut se contenter d’improvisation des jeunes comédiens de sa troupe.
TF1 et antenne 2 sont également en compétition lors des importantes émissions enfantines du mercredi dans le combat de « Récré A2 », contre « Vitamines », la deuxième chaîne possédait en Dorothée un atout de poids. Difficile de trouver une animatrice qui sache parler aux enfants avec intelligence, humour et complicité, qui chante fort bien et dont la bonne humeur n’apparaît jamais truquée. Tf1 pense avoir déniché l’oiseau rare en engageant Karen Cheryl.
Karen, elle aussi, chante bien, et pour cause, c’est son métier, mais jusqu’ici son répertoire s’adressait à un public plus âgé que celui de « Vitamines ». Elle est incontestablement fort jolie et a perdu en vulgarité et gagné en charme depuis deux ans. Elle vient de faire ses débuts de comédienne à l’écran dans le film de Christian Gion « J’ai rencontré le Père Noël » et a joué très adroitement, avec beaucoup de spontanéité, enchantant même dans son personnage de fée les enfants américains puisque pendant les fêtes de Noël le film a été présenté chaque après-midi dans 1000 salles aux Etats-Unis.
Pendant toute l’année, Karen va donc présenter « Vitamines », chaque mercredi après-midi, et l’expérience l’intéresse.
« Ce n’est pas la première fois que j’apparais au petit écran, explique-t-elle, puisque j’ai déjà joué il y a deux ans dans « L’inspecteur mène l’enquête » et participé à une émission sur « La Révolution française ». Il n’a jamais été dans mes intentions de faire seulement une carrière de chanteuse. Là, il va s’agir de présentation, donc d’improvisation, de communication à faire passer à travers l’écran. Je participe aussi à la fabrication des programmes en discutant, en apportant mes idées. Et puis, je danse, je chante, je joue la comédie. Que l’on soit animatrice dans les émissions pour enfants ou dans les émissions pour grandes personnes, c’est toujours le même métier, il faut avoir du rythme. »
Le rythme, Karen Cheryl le possède depuis longtemps puisqu’elle a appris la batterie avec Keny Clarke et se trouve toujours à l’aise devant les tambours. Elle dessine aussi fort bien. Cela l’agace toutefois que l’on veuille l’opposer à Dorothée : « C’est une de mes amies et on ne va pas se brouiller parce qu’on devient concurrentes, puisqu’il s’agira d’une concurrence amicale et non d’une rivalité. D’ailleurs, si la chaîne est d’accord, Dorothée viendra chanter dans mon émission, et je suppose qu’elle parlera de mes disques dans la sienne. »
La clientèle enfantine, qui était chasse gardée de Chantal Goya et de Dorothée (plus accessoirement, Carlos et Annie Cordy), devient donc de plus en plus recherchée. Il faudra, sans doute, aussi compter avec Douchka qui bénéficie du soutien de Walt Disney.
Karen Cheryl, quant à elle, compte bien intéresser les enfants avec « Vitamines », avec des chansons et, à nouveau, le cinéma. Christian Gion l’a déjà retenue pour un autre conte de fées filmé : « Cendrillon ».
René QUINSON