Dorothée : « Je ne déplais pas à tout le monde »
Le guide des spectacles – 1989

« Violence, indigence, omniprésence », accusent certains. Elle rétorque « médisance » et, à Bercy, attend 150 000 copains.
« ZUT, zut et... zut ! », crie-t-elle avant, aussitôt, de se justifier : « Excusez-moi, mais il faut que j’explose : cela dissipe les angoisses. » Sur quoi, elle allume sa troisième cigarette consécutive, gesticule à qui mieux mieux, puis brocarde son producteur : « Un peu d'humour, ça ne fait pas de mal, non ?» Pas de doute, malgré le jaune flambant de sa combinaison, Dorothée, façon Fignon, aborde fiévreusement sur l'immense plateau de Bercy sa course contre la montre.
Pas seulement parce que les récentes polémiques au sujet de ses émissions l'ont agressée. Pas uniquement à cause de la fameuse pression d'un public déjà fébrile (plus de 110 000 places louées et on espère en vendre 40 000 de mieux !).
Mais aussi et d'abord parce que ses propres défis l’impressionnent : « Bercy, je croyais que c'était grand. En fait, c'est énorme. Et, comme par hasard, c'est l'endroit que j'ai choisi pour faire mes vrais débuts de... rockeuse. Cette fois, à part les Musclés qui joueront leurs propres tubes si les petits copains le leur demandent, je n'aurai aucun comparse, ni Jacky, ni les autres. J'abats la carte concert et, croyez-moi, il faut s'accrocher. »
Pourtant, quand on lui suggère qu'elle en fait peut-être un peu trop, sa réaction est immédiate : « J’ai des horaires foldingues, d'accord, mais au bilan je ne travaille pas plus qu'une ouvrière d'usine. J'ai seulement la formidable chance de gagner ma vie en m'amusant et, visiblement, de ne pas déplaire à tout le monde. » Et ceux qui la détestent, telle cette députée qui vient de la pourfendre dans un livre-pamphlet intitulé : « le Ras-le-bol des bébés zappeurs ».
« Chat écorché comme tous les artistes, je souffre de leurs critiques et viens d'ailleurs de constituer un comité de psychologues destiné à analyser le contenu de mes programmes. Mais, dans le cas présent, je crains que l'auteur ait surtout voulu soigner sa propre publicité. » Qu'est-ce qui, alors, fait courir Dorothée ? L’argent ?
« J'en gagne beaucoup moins qu'on le croit. En tout cas, même s'il me sert à m'offrir de beaux restaurants, un bel appartement et un 4 x 4 tout rose, il ne m'a pas changée, ni ne me fascine. »
La politique ? « J’ai horreur de ça. » La gloire ? « Dans ma vie, il y a quelque chose de beaucoup plus important que la télé les gens. » L'inaptitude au bonheur sentimental ? « Je suis du signe du Cancer et, dans l'astrologie chinoise, du Serpent. Ce sont des signes de famille. Un enfant ? Bien sûr que j'en ai envie, mais je n'y suis pas vraiment prête dans ma tête. Le jour où je le serai, j'arrêterai tout pour m'occuper de lui ! »
Alain Morel
Palais omnisports Paris-Bercy. Du 6 au 21 janvier.
Location : 43.46.12.21.