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Dorothée : « Je n'ai pas de nostalgie »

Nord Eclair – 26 novembre 2010

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Après quatorze ans d'absence, elle pointe à nouveau son nez et prendra possession, le 17 décembre, du Zénith de Lille. Vive et pétillante malgré une crève carabinée, elle nous a accordé avant-hier un entretien dans un bar parisien.

Quatre Olympia en avril dernier. Comment avez-vous vécu ces retrouvailles scéniques ?
Un grand moment dans l'estomac et dans le coeur. D'ailleurs, je n'ai toujours pas atterri. Au bout de quatorze ans d'absence, je savais que le public allait être là, mais comme je doute toujours, je me demandais s'il allait aimer.

Estimez-vous que vous n’ayez plus rien à prouver ?
Rien n'est acquis. On a toujours à défendre ses valeurs et ses bases.

Avec Bercy (le 18 décembre, ndlr), vous passez à l'étape supérieure ?
J'ai eu beaucoup de plaisir à faire l'Olympia. Je n'ai pas demandé à faire une salle plus grande. Bercy, c'est quand même très impersonnel. Quoi que je fasse, j'ai la trouille à chaque fois.

C'est votre antre pourtant. Vous vous y êtes produite à 58 reprises...
Michel Sardou a le record masculin et moi le record féminin. Après, je fais sincèrement les choses. Les records d'audimat ou de spectateurs dans les salles, ce n'est vraiment pas mon moteur.

Quel est donc votre moteur ?
De plaire à ceux qui me font confiance. Je veux être à la hauteur de ce qu'on me demande.

40 % actuellement de places vendues pour Bercy et 25 % pour le Zénith de Lille. Êtes-vous inquiète ?
Les salles se remplissent de plus en plus tard. Ce n'est pas évident parce que ce sont les vacances aussi. Les grands fans ont réservé le jour même de la mise en vente. Il n'y a pas de quoi s'inquiéter. Et puis on ne juge pas la qualité d'un spectacle par rapport à son affluence.

Pourquoi seulement deux dates à Lille et Paris ?
Il faut demander ça au producteur. Ce n'est pas moi qui décide. Je suis ravie de venir chez vous d'autant que du côté paternel, je suis de la Somme. À chaque fois qu'on a fait un spectacle dans le Nord, on a reçu un accueil magnifique.

Comment expliquez-vous que votre nouvel album n'est disponible que sur les plateformes de téléchargement légal ?
L'industrie du disque a changé. Les personnes responsables n'ont pas forcément bien géré la chose. Mon premier souhait était de mettre en place ce disque physiquement. Il va enfin sortir le 13 décembre avec un best of et le DVD du spectacle à l'Olympia. Je pense à tous ceux qui n'ont pas Internet.

Quel mot pour qualifier votre absence ?
Une pause. Je voulais revenir avec un peu plus de forces. Quand tous les crétins parlent de traversée du désert, ça m'insupporte au possible. Je suis toujours restée en contact avec Les Musclés, Hélène Rollès et tous les autres.

Était-ce un besoin d'appuyer sur le bouton stop ?
Ce n'est pas moi qui ai pris cette décision. On m'a fait arrêter le Club Dorothée. J'aurais fait autrement, je n'ai même pas eu l'occasion de dire au revoir aux enfants. Voilà mon regret principal. C'était très brutal.

N'avez-vous jamais eu envie de régler vos comptes ?
Si je le fais, c'est directement aux personnes concernées et non pas par médias interposés. Je veux aller de l'avant. J'ai de bons souvenirs mais pas de la nostalgie. Cela ne sert à rien, elle n'est pas créative, la nostalgie.

Une frénésie nerveuse et physique, le « Club Dorothée » ?
C'était sans cesse le serpent qui se mord la queue. On ne vivait plus le temps normal. Je ne sais même pas aujourd'hui ce qui s'est passé parallèlement dans les années 80 et 90. J'étais sur une autre planète, déconnectée de celle des gens normaux. Ce qui ne me dérangeait pas trop non plus.

Aviez-vous un plan de carrière ?
Pas du tout. Je n'avais rien projeté. J'ai vécu le moment présent à chaque fois. Et puis j'ai eu beaucoup de chance, je suis arrivée à un moment où il n'y avait rien. Aujourd'hui, les gens n'ont plus le courage d'essayer.

Qu'avez-vous fait pendant toutes ces années d'absence ?
J'ai remis les pendules à l'heure et j'ai vécu une vie traditionnelle, celle de tous les jours. Je n'avais plus un planning d'enfer, calculé à la seconde près. J'étais libre pour répondre enfin à des sollicitations familiales.

Il y a eu pourtant des tentatives de retour...
Effectivement. Il y a eu des projets sur une chaîne de télévision numérique qui n'ont pas marché. Ce n'est pas bien grave.

Et le remplacement de Gérard Klein pour la série « L'instit » ?
J'ai passé des essais mais là non plus, ça n'a pas fonctionné. De toute façon, j'aurais préféré faire un truc à moi plutôt que de reprendre quelque chose.

On se souvient que vous avez notamment joué dans « L'amour en fuite de Truffaut (en 1978, ndlr). Des envies de cinéma actuellement ?
Je suis toujours partante. Sauf que je n'ai pas reçu une seule proposition. Même pas une participation. Pas la peine de se traumatiser pour ça, il y a pire.

Êtes-vous consciente que de nombreuses rumeurs ont circulé sur vous ?
Dès que les gens ne savent pas ce que vous faites, ils inventent. C'est infernal ! J'ai une vie d'une incroyable banalité, je suis très casanière. Je veux bien tout donner sur scène ou en télé, mais il faut qu'on me laisse mon jardin secret. Les grands-parents le comprennent, ça. Ils m'écrivaient à la grande époque en me disant : « On vous confie nos petits-enfants avec grand plaisir parce qu'on sait qu'avec vous, tout sera normal ».

La suite ?
Je m'arrête au 18 décembre et après, on verra. Chaque chose en son temps. J'ai toujours fait les choses au feeling. Pourquoi changer ?

PATRICE DEMAILLY

 

Article paru dans "Nord Eclair" pour la promotion du concert de Dorothée à Lille
 

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