Dorothée : "En vacances, je m’ennuie. A la télé, je m’amuse et je vis mes rêves"
Liberté Dimanche – 16 juillet 1989

Un été chaud sur TFI avec Dorothée et ses complices : Ariane. Jacky, Patrick et Corbier ! Ils ont choisi la Côte d'Azur et plus spécialement Nice comme toile de fond de leurs émissions. Le dépaysement sera total et en trois lieux. Tout le mois de juillet, Dorothée annonce les dessins animés et les jeux d'une plage de Nice. Ensuite, pendant quelques jours, on la retrouvera à bord d'un superbe bateau de 40 mètres rebaptisé le « Dorothée » et enfin, au mois d'août, elle se mettra au vert dans l'arrière-pays niçois pour nous proposer son émission depuis une magnifique villa. Pour Dorothée, voilà un programme qui lui permet de se sentir un peu en vacances, mais en fait elle n'aura pas le temps d'en prendre, succès oblige.
- C'est vrai, nous a avoué Dorothée, mais cela ne me dérange pas. En vacances, je m'ennuie. Alors, autant travailler bien que le mot travail ne soit pas vraiment approprié. A la télévision, tout comme sur scène d'ailleurs, je m'amuse et je réalise mes rêves. Et cela depuis que j'ai débuté sur le petit écran en 1973 dans « Les mercredis de la jeunesse ».
5.000 lettres par jour !
- Ne perd-t-on pas sa fraicheur et son enthousiasme quand on doit assumer 22 heures de programmes par semaine ?
- Quand on s'adresse aux enfants, on ne s'use pas car c'est le public le plus critique, critique aussi bien positif que négatif. Avec eux, on se remet sans arrêt en question et surtout on garde sa sincérité car on ne peut les tromper très longtemps.
- Comment expliquez-vous votre succès jusqu'alors inégalé auprès des enfants ?
- A la télévision, je respecte leurs goûts. Je leur propose des dessins animés, des jeux et je les plébiscite par Minitel ou courrier. Ils savent qu'ils ont le choix, que c'est leur émission. Grâce au courrier, on reste proche. Je ne reçois pas moins de 5.000 lettres par jour !
L'horreur du « Petit Poucet »
- Des parents se sont inquiétés de la violence exprimée dans les dessins animés que vous proposez aux enfants. Que répondez-vous ?
- Les parents doivent prendre leurs responsabilités. S'ils jugent que les dessins animés sont violents, ils peuvent empêcher leurs enfants de les regarder. Mais pour ma défense, je peux vous dire que j'ai fait ma petite enquête. Il y a dix ans, quand je débutais à la télévision, j'ai demandé aux enfants s'ils trouvaient Goldorak violent. Ils m'ont répondu : « C'est un dessin animé ». Ce qui prouve bien qu'ils font la différence entre la fiction et la réalité. Les dessins animés que je propose actuellement viennent principalement du Japon (en France, on a un retard de 20 ans et depuis Jean Image, c'est la pénurie). Un tiers sont d'action et ont été présentés à des psychologues avant d'être diffusés. Ils n'engendrent ni violence, ni délinquance auprès des jeunes Japonais, alors qu'aux États-Unis, où les dessins animés sont complètement aseptisés, à cause des Ligues de Protection de l'Enfant, la délinquance s'avère importante. Et si je compare ces dessins animés avec les histoires que je lisais dans mon enfance, je les trouve plutôt gentils. Prenez « Le Petit Poucet » où des parents abandonnent leurs enfants dans la forêt, c'est horrible. Moi, cela me faisait pleurer.
Un dessin animé franco-japonais
- Cela ne vous donne-t-il pas envie de produire à votre tour des dessins animés ?
- Un projet est en cours avec les Japonais. Nous leur apportons le scenario et eux exécutent avec leurs moyens techniques extraordinaires.
Je pense que tout sera prêt dans un an.
Sur TFI. Dorothée a trois casquettes : animatrice, co-productrice (avec AB Productions qui est aussi sa maison de disque) et conseillère pour la jeunesse auprès de la direction de la chaine. Elle semble heureuse sur la Une :
- Je n'ai jamais eu autant de moyens pour concevoir mes émissions et je ne dois pas effectuer un véritable parcours du combattant pour obtenir quelque chose. Cette chaine a enfin pris conscience que le public des enfants représentait un public à part entière. Je continue donc sur TFI à la rentrée avec mes quatre complices et je me prépare pour chanter à Bercy en janvier 90) avec mon orchestre vedette « Les Musclés » (au Top 50 depuis 20 semaines avec leur tube « La fête au village »).
Christine HIOL