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Dorothée : "J'ai très envie de tourner dans une fiction"

TV Mag – 29 Avril 2006

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Après des années de silence, l'animatrice se livre en exclusivité


Vous n'avez guère accordé d'interview depuis votre départ de TF1. Pourquoi accepter aujourd'hui?
Il faut savoir sortir de l'ombre un peu de temps en temps. Et puis, il y a les DVD qui sortent le 18 mai. C'est l'occasion qui fait le larron.


Qu'avez-vous fait ces dernières années?
Je ne suis plus devant mais derrière les caméras. Je travaille comme consultante auprès d'AB Productions. Ce n'est pas plus mal. J'ai eu le temps de m'occuper de choses que je ne pouvais pas faire avant: la famille, les amis.


On dirait qu'il y a comme une volonté de votre part de communiquer de nouveau...
Pour Vivement dimanche, Chantal Goya m'a appelée, on a discuté, l'idée de venir la rejoindre à l'émission est venue tout naturellement. Je n'avais aucune raison de lui dire non. Comme quoi faire les choses avec sincérité...


Vous sembliez particulièrement émue sur le plateau.
Je n'en avais pas que l'air! Je ne pensais pas recevoir un tel accueil. Je m'attendais à des applaudissements de politesse. Mais une ovation, avec tout le monde debout, ça m'a mis un grand coup dans l'estomac ! C'était tellement touchant.


Ça vous a manqué?
Bien évidemment. Mais dans la vie, il faut être positif. J'essaie de ne pas me prendre la tête. Puis avec une certaine innocence ou inconscience, on se dit que tout reviendra.


Vous vous attendiez à ce que cette absence dure aussi longtemps?
Franchement, je ne m'attendais à rien. Je ne me suis pas lamentée sur mon sort, je n'ai pas pleuré. Quand on fait de la télé, on sait que tout s'arrêtera un jour ou l'autre. Je n'ai pas de nostalgie, ni de regrets. Je pars seulement du principe que je ne veux pas faire n'importe quoi pour revenir. C'est une question de respect par rapport à moi-même et aux personnes qui m'ont aimée. Je ne fais pas partie de ceux qui font les pieds au mur pour passer à la télé. Vous savez, j'aurais pu revenir plus tôt si j'avais accepté ce qu'on me proposait. Mais je n'aurais pas été sincère et je ne sais pas tricher.


Il paraît que vous avez reçu beaucoup d'appels suite à ce Vivement dimanche. Alors, quand vous revoit-on à la télé?
Si vous pouviez me le dire, ça m'arrangerait! Je reviendrai certainement, oui, mais il faut laisser le temps au temps, pour que les gens écrivent, se préparent. Une fiction ne s'écrit pas en deux minutes. Alors, depuis mon passage chez Drucker, on me dit « Untel prépare quelque chose pour toi » ou «Untel pense à toi », mais très honnêtement, je n'ai rien de concret. J'attends le coup de cœur.


Et L'Institutrice? On vous avait annoncée comme la comédienne qui succéderait à Gérard Klein...
Ça ne s'est pas fait. Demandez pourquoi à France 2.


De quoi avez-vous envie aujourd'hui ?
De faire de la fiction télé. Je suis ouverte à tout: comique, sérieux. Je n'ai pas envie de jouer les fliquettes ou les juges d'instruction. Je recherche avant tout un personnage humain, vrai.


Vous n'avez jamais tenté de vous l'écrire, ce rôle ?
J'ai essayé, mais ce n'est pas mon truc. Si quelqu'un écrit pour moi, je saurai le défendre avec toute mon âme.


Incarner un personnage récurrent vous tenterait?
Pas forcément. Je veux participer à une aventure, sans être la numéro un. Je me verrais bien second couteau dans une belle histoire. Dans quelque chose d'atypique, pourquoi pas. Si quel- qu'un a une idée de génie à me proposer, j'approuve. Après, est-ce qu'on me laisse telle que je suis? Est-ce qu'on me change? Peu importe. Mais l'idée de faire partie d'un groupe dans une fiction me séduit vraiment.


C'est à l'image de vos années télé...
Tout à fait. Je ne suis pas une solitaire. J'ai besoin d'une bande autour de moi. La seule fois de ma vie où j'ai été seule, j'étais speakerine.


Que pensez-vous des programmes d'aujourd'hui, de l'avènement de la télé-réalité?
Les chaînes proposent, le public dispose. Qui suis-je pour critiquer? Je regarde un peu les émissions de télé-réalité pour être au courant. Si vous ne regardez pas, vous êtes totalement largué dans les diners.


Et quand Hélène Rollès d'Hélène et les garçons a fait 1ère Compagnie...
Tant mieux, ça lui a fait les muscles.

 

« Ça se discute » s'est penché dernièrement sur toutes les stars d'un jour appartenant à la génération AB (Premiers Baisers, Le Miel et les abeilles, etc.). Quel regard portez-vous sur tous ces jeunes comédiens qui ont eu l'impression d'être marqués au fer rouge par ces sitcoms?
Si ça n'a pas marché pour eux, ce n'est pas la faute d'AB. De toute façon, il ne faut pas renier ce qu'on a fait. Il y en a beaucoup qui ont réussi ailleurs. S'ils râlent, tant pis! Ils ont eu la chance d'avoir été découverts, la chance de faire un métier intéressant, après, c'est la vie...


Corbier également témoignait sur ses années de vaches maigres post-Club Dorothée. Vous continuiez à le voir à cette époque?
Oui. On se réunit tous une fois par an avec les « anciens combattants ». On attend juste que monsieur Patrick Simpson-jones revienne de Floride où il s'est installé.


Le remix de « Hou la menteuse » cartonne. Vous semblez presque étonnée par ce succès...
Je n'y croyais pas. C'est drôle. Ce sont des jeunes gens qui ont eu l'idée. Comme quoi les chansons ne sont jamais démodées. Je crois qu'ils ont un autre remix à venir: Monsieur l'Ordinateur.


Vos concerts à Bercy sortent en DVD. Quels souvenirs en gardez-vous?
Alors là ! Je me souviens d'une trouille monstrueuse. Un trac fou! Puis quand toute la salle se lève et hurle, c'est une telle émotion. À chaque concert, j'avais peur de ne pas bien faire. Je ne voulais pas décevoir.


Aujourd'hui, quels sont vos rapports avec votre public? Toujours aussi passionnels?
Cela n'a jamais été l'hystérie. Même à l'époque du Club Dorothée. Je n'ai jamais fait mes courses cachées derrière des lunettes noires. Aujourd'hui encore les gens sont très gentils avec moi. Dernièrement, une maman m'a dit : « Mes enfants vont bientôt être en âge de regarder la télé, vous pouvez revenir maintenant?"

 

Ce qui est surprenant lorsque l'on a vécu vos années télé, c'est le décalage entre le souvenir que l'on en garde et les attaques systématiques dont vous étiez victimes dans la presse...
J'ai toujours dit que je ne voulais pas remplacer les parents, que je ne faisais pas la crèche. Si les gamins n'avaient pas envie de regarder, ils avaient le choix. Mais bon, certaines personnes n'aiment pas lorsque l'on plaît au plus grand nombre. Surtout que, depuis, les mangas ont totalement explosé... Peut-être les avons-nous diffusés trop tôt. Déjà, en 1978, on me disait que Goldorak était hyper violent! Vingt ans après, quand je vois « Les Années Goldorak », je rigole. Ce qu'on oublie aussi, c'est que juste après, je diffusais « Candy ». Tout ça était énervant car on cherchait juste à amuser. D'ailleurs, dernièrement, je suis allée voir le spectacle d'un jeune comique, Booder. Dans son one man show, il dit: « Aujourd'hui les jeunes sont dans la rue et cassent. Nous, avant, on avait le Club Dorothée pour s'occuper».


Vous n'avez pas le sentiment d'avoir participé à une télévision qui n'existe plus?
Disons que j'ai eu la chance de faire partie d'une génération d'animateurs qui commençaient une émission sans être virés au bout de deux jours. On mous a laissés le temps d'apprendre, de nous Installer. Peut-être également qu'aujourd'hui les jeunes gens veulent tout, tout de suite. J'ai débuté en 1973 avec « Les Visiteurs du mercredi » et quatre heures d'antenne hebdomadaires. Quand ça s'est arrêté, je n'ai pas eu peur de devenir doubleuse lumière. Je ne sais pas si de nos jours certains accepteraient.


Près de dix ans après avoir quitté TF1, vous diriez toujours que votre vie, c'est la télé ?
Oui, plus la vie normale autour. A une époque, il m'est même arrivé d'annuler des diners pour me pas rater une émission! Encore aujourd'hui, chez moi, si je n'ai pas la télé allumée, je ne
vis pas. Je suis accro grave.


PROPOS RECUEILLIS PAR STEPHANIE RATO

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