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Dorothée : “J'ai l'angoisse de décevoir”
France-Soir- 20 février 2010

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Treize ans après l'arrêt de Club Dorothée, l'égérie de toute une génération a retrouvé le chemin des studios d'enregistrement.
Tout y est. Les yeux qui pétillent, le rire franc, comme bloqué dans l'enfance, et cette simplicité presque insolente. Dans le bar d'un grand hôtel parisien, Dorothée nous parle de son retour scénique imminent et de son prochain album. Sans nostalgie, l'idole d'une génération avance. Regarde droit devant. « De toute façon, les dates et moi, ça fait 42 », s'amuse-t-elle. Entretien.

FRANCE-SOIR. Qu'est-ce qui vous a convaincue de revenir sur scène ?
DOROTHÉE. La pression des fans. Quatorze ans d'absence, c'est beaucoup. Je pensais vraiment qu'ils allaient m'oublier. Mais non ! je reçois toujours un monticule de lettres et je sais que les forums se développent sur Internet. C'est pour cela que j'ai craqué.


Dans quel état d'esprit êtes-vous aujourd'hui ?
Je suis tétanisée total. J'ai l'angoisse de décevoir. Mais je vais faire au mieux. Si j'écoute vraiment ce que veulent les copains, il faudrait que mon concert dure toute une journée.


A quoi faut-il s'attendre à l'Olympia ?
Je vais interpréter une trentaine de chansons, des anciennes et des nouvelles. Il y aura des surprises, certainement aussi pour moi… Je ne sais pas si j'aime ça d'ailleurs (rire). La différence avec Bercy à l'époque sera le côté intime. Le public sera sans doute le même, sauf qu'aujourd'hui les enfants mesurent 1,80 m !


De quoi parlent-elles, vos nouvelles chansons ?
D'amour, d'amitié… Il n'y a pas de message très intellectuel, ce n'est pas le but. Je préfère le ludique.


Depuis l'arrêt de Club Dorothée, vous avez-bien eu des propositions…
Rien de chez rien. Je ne sais pas pourquoi. Bon, il est vrai que je n'ai rien demandé non plus. Mais j'aurais bien aimé faire des téléfilms, des fictions… Il n'est jamais trop tard.


Qu'avez-vous fait pendant toutes ces années ?
J'ai repris le cours de ma vie familiale, je me suis occupée de mes proches. Je n'ai pas eu de breakdown, comme on dit. J'ai aussi fait pas mal de peinture. Et même si je descends de la famille de Claude Monet, ce talent-là n'est pas héréditaire (rire).


Qu'évoquent pour vous les années Club Do ?
Nous avons pu faire plein de choses, sérieuses ou non. Du délire mais aussi du caritatif comme les « Pièces jaunes », qui ont débuté chez nous. Je suis aussi contente d'avoir médiatisé La Chaîne de l'espoir. Je sais qu'on a sauvé des vies. Quand on aide des gamins à vivre, tout le reste n'existe plus.


Comment teniez-vous le coup ?
En s'amusant. Nous ne travaillions pas à l'Audimat. Le rendu du public était notre motivation. On bossait beaucoup, les 35 heures, on les faisait en deux jours !


Et puis un jour tout s'est arrêté…
On a pleuré. Mais voilà, la vie continue. Ce n'est pas la peine d'avoir des regrets et de ressasser les mauvaises choses.


Etes-vous nostalgique de cette époque ?
Cela ne sert à rien. Autant aller de l'avant et être positif.


A l'époque, les dessins animés japonais de Club Do, jugés ultra-violents, faisaient polémique…
Et aujourd'hui ils sont cultes. Il faut avoir un peu de patience dans ce métier.


Aujourd'hui tout cela vous fait-il rire ?
Non, ni même sourire. Enfin, disons que je prends une certaine revanche sur ceux qui m'ont un peu vilipendée.


Sur IDF1, la chaîne de votre producteur Jean-Luc Azoulay, vous avez retrouvé toute votre équipe…
Nous ne nous sommes jamais quittés. Nous avons quand même vécu ensemble près de dix ans ! Pendant toutes ces années, à chaque fois que Patrick Simpson-Jones, qui vit aux Etats-Unis, revenait à Paris, on organisait un dîner.


Depuis la disparition de Club Do, les émissions jeunesses sont très déshumanisées…
A présent, c'est du bout à bout. Je me suis toujours battue pour qu'entre chaque programme il y ait un retour plateau avec des êtres humains « normaux ». Avec option tarte à la crème et seau d'eau… Disons que ça faisait relativiser les choses. Le dévidoir à dessin animés, je ne pense pas que ce soit une bonne chose.


Aimeriez-vous retrouver une émission jeunesse ?
Je ne sais pas. Pour le moment, je me concentre sur l'Olympia. Mon petit cerveau ne me permet pas de faire plusieurs choses à la fois (rire).

 

Que regardez-vous à la télé ?
Je la regarde peu, mais j'aime assez Les Experts et New York District. Ce qui est marrant, c'est que la télé repart en arrière, comme la mode. Si les débats politiques ne sont pas mon truc, je regarde Lagaf' et ça m'amuse bien.


On vous imagine entourée d'enfants…
J'en ai plein autour de moi. Je suis toujours très bien avec eux, plus qu'avec certains adultes. Dès que les grands commencent à discuter… (elle souffle) ça m'ennuie. Alors je pars dans la salle de jeu avec les gamins et on s'amuse.


Vous êtes une enfant, finalement ?
Je n'ai pas bougé. Et je n'ai pas envie de grandir. Je ne le fais pas exprès, c'est une chance.

Un album comme avant !
Dorothée avoue avoir eu « un peu la trouille », mais son nouvel album sera bien le 15 mars dans les bacs. Les fans peuvent se rassurer : « Les dix-sept chansons sont dans la même lignée que les premières, avec des arrangements modernes. Il y aura aussi un petit clin d'œil à Hou ! la menteuse, à Nicolas et Marjolaine et une nouvelle version de La Valise. » Autre passage obligé, une ritournelle signée Michel Jourdan (le générique de Candy, c'est lui !) : « Sept ans et demi résume bien l'album. On aimerait tous restés bloqués à cet âge-là, faire en sorte que les gens arrêtent de se faire du mal et que nos parents restent près de nous… » Tout un programme.

 

Jacky : “C'est une grande timide”
« Nous sommes complices devant et derrière la caméra. » Difficile pour Jacky de résumer plus de vingt ans de collaboration et d'amitié avec Dorothée. « J'ai de nombreux souvenirs de Récré A2, des tournées et, bien sûr, de Club Dorothée. C'était très novateur, en 1987, de mettre à l'écran cinq animateurs. Chaque mercredi pendant dix ans, nous avons assuré six heures de direct et proposé près de 1.000 heures de programme par an », raconte-t-il. Pour Jacky, le retour de Dorothée sera assurément gagnant. « C'est une grande professionnelle, une fille très sensible, assez timide et réservée. Dorothée n'a jamais eu la grosse tête. Au contraire, son optimisme est fédérateur. »

Edition France Soir du samedi 20 février 2010 page 34


L'icône des enfants sort enfin de son silence et se prépare à donner une série de concerts très attendus. Le retour de Dorothée ? « C'est comme un tremblement de terre », ainsi qu'elle le chantait dans les années 1990. Pour toute une génération, l'annonce de quatre concerts exceptionnels sur la scène de l'Olympia et d'un nouvel album a fait l'effet d'une bombe. Les trentenaires ont tous quelque chose de Dorothée dans le cœur. Une chanson, un sourire, une tarte à la crème sur ce pauvre Jacky, un conseil avisé du dromadaire Sahara et, bien sûr, un épisode de Candy ou des Chevaliers
du zodiaque...
Pendant des décennies, le regard espiègle de Dorothée, sa voix rocailleuse et son long nez, affectueusement caricaturé par Cabu, l'ont érigée au rang d'idole des enfants.
Née un jour de fête nationale, sous un firmament illuminé par des feux d'artifice multicolores, celle que ses parents appelaient encore Frédérique était « amoureuse de Fred Astaire et n'aimait à l'école que les spectacles de fin d'année, pour avoir le bonheur de se déguiser.
Repérée par Jacqueline Joubert dans un concours de théâtre amateur, elle atterrit « un peu par hasard » à la télévision. Si Truffaut la fait tourner pour le cinéma, Dorothée, qui rêve de comédie, exploitera ses talents de comédienne à la télévision dans Récré A2 et Club Dorothée, des émissions jeunesse devenues cultes. Sur la Une, le rendez-vous du mercredi et des vacances durera près de dix ans.


16 millions de disques vendus


En 1997, TF1 l'écarte brutalement de l'antenne. Corbier, Ariane, Patrick et Jacky sont alors forcés de faire leurs adieux, des larmes pleins les yeux, à des enfants qui ne comprennent pas bien pourquoi. Seule consolation, les tubes, que Dorothée a alignés avec panache. Hou ! la menteuse, Allô, allò, monsieur l'ordinateur, Nicolas et Marjolaine et près de 15 versions de La Valise tournent encore sur les platines vinyle. Au total, elle a vendu près de 16 millions de disques.
Les souvenirs scéniques, dans des comédies musicales puis des concerts, très courus par les enfants, demeurent nombreux. Entre 1990 et 1996, Dorothée remplit 56 fois Bercy sous les hourras de près de 750.000 bambins conquis. Une affluence jamais égalée. Aujourd'hui, celle qui est bien dans ses chaussettes rouge et jaune à petits pois se prépare à écrire une nouvelle page dans l'album souvenir qui l'unit à ses fans. Avec un peu d'anxiété, Dorothée a plus que jamais l'envie de retrouver « les millions de copains » qui ne l'ont jamais vraiment oubliée.

Qu'évoque Dorothée pour vous ?


Sandrine Hallaj, 37 ans, éducatrice de jeunes enfants, Paris XVIIIe
« Dorothée me rappelle ma jeunesse et les dessins animés du mercredi matin. Mon préféré était Candy. J'aimais bien Corbier, le barbu. Si mes enfants étaient plus jeunes, je les aurais emmenés au concert, car c'est important de leur transmettre ce qu'on a vécu dans notre enfance.»


Aïcha Dhibou, 55 ans, mère au foyer, Paris VII
« Mes enfants ont 35, 33 et 30 ans, et ils regardaient les émissions de Dorothée. C'est la première qui a amené les mangas à la télévision. Nous, les mamans, étions contre et c'est ce qui a causé sa perte. Le fait qu'elle revienne est plutôt une bonne nouvelle. Mes petits-enfants seront ravis.


Alain Zinga, 28 ans, sans profession, Congo (RDC)
«Je regardais le Club Dorothée et la série Salut les Musclés. J'aimais Ariane, la petite brune. Je ne sais pas si son retour sera un succès, parce c'était une autre époque ; aujourd'hui les enfants possèdent des jeux vidéo... En tout cas, je lui souhaite bonne chance."


Grégory Kerhoas, 23 ans, étudiant, Colombes
«Je regardais les dessins animés et notamment Les Chevaliers du zodiaque. Contrairement à ce qui a été dit à ce moment-là, ce n'était pas si violent. J'en garde de bons souvenirs. Je n'irai pas la voir sur scène, mais plein de gens de son époque font leur come-back, alors pourquoi pas ? »


Stéphanie Ferat, 23 ans, éclusière, Paris XIII
«Dorothée évoque de bons souvenirs. Le mercredi matin, je la regardais. Et puis ce sont de super chansons comme Mes chaussettes rouge et jaune à petits pois. J'ai des albums chez moi. J'ai grandi, donc je n'irai pas la voir en concert, mais ça peut plaire aux enfants, Chantal Goya a bien du succès..."

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