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Jacqueline Joubert : « Distraire et cultiver avec ma chère Dorothée »

France soir – 14 mars 1985

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Quelle importance attachez-vous à la présentation de « Récré A2 » ?

Une importance énorme. La présentation, c’est l’image de marque de l’émission. L’équipe, que j’ai formée en 1978, est composée de jeunes qui représenteront tous un personnage. Ni instituteurs, ni parents, ni grands frères ou grandes sœurs. Il y a Jacky, le fou, le benêt qui dit des choses insensés ; Alain, le prince charmant ; Marie, le titi parisien ; Véronique qui me fait penser un peu à la Charlotte de Werther ; Petit Bernard, que nous mettons un peu à toutes les sauces ; Charlotte, le lutin vif-argent et bien sûr ma chère Dorothée. Avec François Corbier, qui compose les chansons, François Arrignon, Patricia Chalon, une psychologue et Christian, un ancien professeur de lettres qui signent des textes, ils ont en commun de prendre les enfants au sérieux, de les respecter et d’être leurs complices. Je les ai prévenus : si vous vous servez de « Récré a2 », comme d’un tremplin, alors partez. Ils travaillent en faux direct, c’est-à-dire dans les conditions du direct, parce que j’en avais assez de les envoyez au casse-pipe.

 

Comment déjouer vous la concurrence de TF1 le mercredi après-midi ?

 

Je ne m’en préoccupe pas. Les productrices de « Vitamine », ont fait présenter leur émission par une vedette, très bien. « Récré A2 » est la petite dernière, nous avons commencé nos émissions pour la jeunesse après TF1 et FR3, et nous avons voulu nous différencier des autres chaînes. Pour « Récré A2 », nos indices d’écoute oscillent toujours entre 17 et 22%. Ils sont particulièrement forts le lundi, le jeudi et le vendredi. Et puis maintenant, il y a la télé-enfant du mercredi matin entre 10 heures et 12 heures dès le 27 mars. C’était un besoin.

 

Ne pensez-vous donc pas que la concurrence de « Vitamine » joue le mercredi ?

 

Non, je pense que le mercredi, l’indice d’écoute est moins fort parce que les enfants sortent beaucoup ce jour-là : ils font du sport.

 

Quelle est la part de productions françaises et d’achats étrangers dans vos émissions ?

 

La vapeur s’est renversée, nous avons davantage de productions françaises. Environ une proportion de 60% françaises et 40% étrangères. Nous préparons d’ailleurs une première dans l’histoire de la télévision : nous montrerons une série de 26 minutes en dessins animés qui s’intitulent « Les mondes engloutis », une production entièrement française. Mais de toute façon, je ne pense pas qu’il faille vivre en autarcie complète.

 

Vous avez diffusé « Goldorak », on a souvent reproché la violence de dessin animé japonais ?

 

Il y a violence et violence. Je crois que la violence dans un dessin animé n’est pas la même que dans un film.

 

Comment concevez-vous vos programmes, et quel est le but poursuivi depuis le début ?

 

Je conçois mes programmes en pensant aux enfants qui regardent seuls la télévision. Je fais très attention à ce que les programmes soient simples, très clairs, compréhensibles sans l’aide d’un parent. Mais simplicité ne rime pas avec abêtissement. Pour chaque sujet, je demande à un spécialiste de l’expliquer. Ainsi, une émission comme « Sido et Rémi », sur la musique intéresse aussi bien les adultes que les enfants. Mon but : informer, distraire et cultiver les enfants. Sans oublier que la télévision est un spectacle avant tout.

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