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Infériorité et célébrité

Vital – Mai 1985

1985 - Infériorité et célébrité.png

CÉCILE DELANGHE A INTERROGÉ D'ANCIENS INFÉRIORISÉS QUI ONT RÉUSSI. LA PREUVE QU'ILS ONT SU LIQUIDER LEUR PASSÉ ILS EN PARLENT SANS COMPLEXE.


DOROTHÉE : « IL M'A FALLU LONGTEMPS POUR ACCEPTER LE NEZ QUI EST LE MIEN. »


Je suis née avec un visage d'adulte. Mon handicap : ma gueule. Je ne suis pas un canon de beauté. J'aurais voulu être plus grande avec de longues jambes. Et ce nez ! Longtemps, je me suis arrangée pour ne jamais apparaître de profil sur le petit écran. Deux personnes m'ont beaucoup aidée à me débarrasser de mon complexe : Cabu, quand il s'est mis à caricaturer mon nez, et mon coiffeur Bruno qui m'a dit de le montrer franchement, au lieu de le cacher. Vous ne me croirez pas, mais je suis d'une timidité maladive. Comme je l'étais à l'école où l'on m'appelait « crocodile » parce que je pleurais beaucoup. Le seul moment où je sortais de mon coin, c'était pour le spectacle de fin d'année. Et puis, un jour, au milieu de toutes ces filles qui me semblaient si délurées et plus malignes que moi, il y en a eu une qui m'a raconté ses malheurs. Cela m'a redonné du poil de la bête, je suis devenue chef de classe et j'ai pris la vie par son côté clown. Et, quand l'école est devenue mixte, j'ai réussi à être plus souvent avec les garçons que les autres, en les traitant d'égal à égal avec un humour agressif. C'est ce côté un peu mec qui a séduit Truffaut : « je vous ai choisie pour votre aspect androgyne », m'a-t-il dit.

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