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Eric Galliano - Animateur

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Éric Galliano, animateur de télévision depuis 1985, nous raconte son intégration au sein de l’équipe du « Club Dorothée » lors de son ultime saison.

 

"Dorothée m'appréciait et c'était réciproque, même si Jean Luc avait écrit la chanson Le père Noël des Musclés dont le refrain disait "Le fouet, ce sera pour Eric et Noëlla", alors que je co-animai sur France 2 une émission avec Noëlla. Ça nous faisait plus rire qu'autre chose... Au début de la dernière année du Club Dorothée Jean Luc m'a appelé pour me dire qu'il voulait que je rejoigne l'équipe. J'avais déjà tourné pour AB pour la sitcom Les garçons de la plage. J'ai accepté de m'occuper des interviews avec Dorothée, mais pas des jeux qui ne m'intéressaient pas. Quand je suis arrivé, Dorothée ne comprenait pas. Lors de la première réunion de préparation de l'émission, elle me regardait un peu comme un cinglé qui débarquait. Tout le monde avait, en effet, connaissance des rumeurs selon lesquelles c'était la dernière année du Club Dorothée, et elle trouvait très bizarre que j'accepte de rejoindre le bateau alors que la plupart des gens essayaient de partir. Elle m'a demandé : "Mais tu as entendu les bruits qui courent?" A l'époque, j'avais multiplié par trois le taux d'audience de l'émission pour la jeunesse de France 2. Dorothée, je ne l'avais jamais côtoyé avant de venir sur TF1 dans le Club Dorothée, même si j'avais toujours eu beaucoup d'estime pour elle. J'avais, à présent, l'occasion de travailler avec elle, après tout ce qu'on avait pu dire... car elle n'avait pas été épargnée par les critiques. Il est de bon ton, à chaque fois qu'un phénomène est en passe de s'arrêter, de lui casser du sucre sur le dos.

C'est ainsi, que je me suis retrouvé, à trente ans, à incarner l'une des Drôles de dames, avec Dorothée et Ariane. Pendant les sketches, nous avons eu d'énormes fous rires, en relation avec les situations que nous devions jouer. Quand tu te retrouves en Drôle de dame, dans la peau de Farrah Fawcet, avec les ratés, les bêtises que tu sors, il ne peut en être autrement... il ya toujours eu beaucoup de bonne humeur, ne serait-ce qu'avec Pat Le Guen qui a toujours été là.

Je me rappelle qu'avec Dorothée, on a traversé la Tunisie pour le tournage des vacances de Février ou de Pâques. Au fur et à mesure de ce parcours, on tournait avec, notamment, Jacky et Ariane. On s'arrêtait dans certains endroits où étaient installés les plateaux. Je me rappelle avoir eu des journées épuisantes, on tournait et voyageait en même temps. Quand on arrivait à l'hôtel le soir, comme en Tunisie on reçoit TF1, les enfants reconnaissaient Dorothée. Et, elle, qui avait fait six cent kilomètres dans la journée et vingt plateaux, courait partout pour leur chercher des pin's. Plus d'un aurait dit : "Ils sont gentils, mais vous les mettez de côté". Dorothée a toujours été une fille que j'ai trouvé formidable.

Crevée ou pas, on ne l'a jamais vue se plaindre. En arrivant à six heures au maquillage, elle travaillait jusqu'à vingt-trois heures. Elle était éreintée, mais ne se plaignait jamais. Et c'est elle qui, quand elle voyait que les techniciens n'en pouvaient plus, disait : "Stop. On arrête de tourner." Elle n'arrêtait pas parce qu'elle était épuisée, mais parce que certains tournages prenaient des proportions incroyables. Elle s'arrêtait pour les autres, pas pour elle. si on lui avait donné une autre équipe de production, Dorothée aurait fait les trois-huit à elle seule!

Même si je n'ai travaillé qu'un an avec elle, j'ai pu voir pendant cette période qu'elle était d'une extrême sensibilité. A l'époque, personne n'osait prendre le risque de lui dire du bien d'elle. Et, même si elle était à fleur de peau, elle n'a jamais été naïve pour autant. Elle connaît très bien le milieu de la télévision. Dans les "Ma chérie", "T'es la meilleure" et "T'es la plus belle", elle savait très bien ce qu'il fallait prendre et ce qu'il fallait laisser.

Quand l'émission avait beaucoup de succès, elle faisait des jaloux... Et quand TF1 a commencé à l'écarter, ses détracteurs s'en sont donnés à cœur joie. En plus, la chaîne ne la soutenait même plus... Mais Dorothée était solide. Tous ceux qui avaient envie de la faire trébucher pour prendre sa place sur le créneau jeunesse ou au niveau de l'unité jeunesse se lâchaient dans la presse. Et même si je pense qu'elle était quelque peu préservée par son entourage, ses proches finissaient par comprendre... Et il y a toujours un "meilleur ami" pour te répéter les pires ignominies qui traînent sur ton compte. Au quotidien, elle gérait cela avec beaucoup de dignité. Elle essayait, simplement, de ne pas trop y prêter attention... Et il est vrai qu'on n'en parlait pas tellement, et si on le faisait, elle ne cherchait jamais à se masquer la vérité, à ne pas regarder les choses en face... De toute façon, elle savait très bien que tout le monde lui tirait dessus à boulets rouges. A TF1, quand elle appelait la direction, personne ne la prenait plus au téléphone...

Pour sa dernière émission, Dorothée rêvait, avec Jean Luc Azoulay, de faire un show immense, avec tout le monde! Elle voulait une très belle dernière, mais TF1 n'a jamais répondu et elle n'a pas pu le faire. J'ai trouvé ça violent à l'époque, sachant tout ce qu'elle avait fait pour cette chaîne, ou elle en était arrivée grâce à elle. Elle avait porté la chaîne... A la fin de l'émission, on aurait presque dit que TF1 avait honte, qu'il fallait qu'elle parte en catimini. Il aurait pourtant été bien qu'ils lui donnent carte blanche pour un prime, pour qu'elle puisse partir en feu d'artifice..."

Extrait de "Dorothée : Merci pour la récré" - Editions de la Lagune - 2008

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