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Dorothée au pays des Mics

Femmes d'aujourd'hui - 5 mars 1985

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« Une initiation à la mini-calculatrice via une BD animée par deux petits personnages venus d'ailleurs... quelle excellente idée! Une part de rêve, enfin, dans le monde froid de l'ordinateur... ».


Dorothée est tout entière dans cette réflexion. L'imaginaire garde une place très importante dans sa vie. Décoller? J'adore. Au fond, la petite fille que j'étais n'a pas vieilli. J'ai l'âge des enfants qui branchent la télé pour voir Récré A 2! ». Ils ne s'y sont pas trompés... Dès la première de l'émission c'était en septembre 1978, coup de foudre, Love Story. « Nous t'aimons ». « Je t'aime ». Qu'il fait bon s'évader vers un monde joli où les problèmes sont interdits de séjour. Guidés par une animatrice caméléon. Tantôt fée, tantôt garçon manqué, mais toujours drôle et merveilleusement complice.


Un petit chef de bande...


Œil malicieux, sourire moqueur... Dorothée a-t-elle été l'enfant terrible qu'on imagine? Oui... enfin, dès que je passais le seuil de la maison familiale... Car chez moi, j'étais une petite fille modèle: jeux sages, étude du piano... Mes parents, très sévères, ont longtemps ignoré que leur douce blondinette était le chef redouté d'une des deux bandes du quartier!». La petite fille adore la lecture et dévore toute la littérature enfantine. Au ciné, elle vibre pour les personnages de Walt Disney et, quelques années plus tard, rêve de jouer dans les comédies musicales américaines. Avec Fred Astaire, son idole. « Aujourd'hui encore, je ne rate pas un de ses films. J'ai été tellement marquée par cette période d'or que je manque de la plus élémentaire curiosité pour les «musicals » contemporains... »
Dorothée a dix-sept ans lorsqu'elle monte sur scène pour la première fois. Dans son lycée, lors d'un spectacle de fin d'année une adaptation moderne d'un « Caprice » de Musset. Présentée au concours inter-lycées, la pièce arrive en finale et Dorothée décroche le Prix spécial du Jury pour son interprétation. L'un des membres du jury n'est autre que Jacqueline Joubert...
« Cela vous intéresserait-il de faire de la télévision? » Echange de cartes. Trois ans plus tard nous sommes en 1973, coup de fil... Jacqueline Joubert l'invite à passer une audition. Concluante. Et, tout en préparant une licence d'anglais à Censier, Dorothée commence à animer les Mercredis de la Jeunesse. Quatre heures de direct chaque semaine... affolant pour une débutante! J'ai tout appris sur le tas, je me suis passionnée. Pour m'entendre dire après l'éclatement de l'ORTF que je n'étais pas faite pour animer des émissions enfantines... ».
Mais le virus de la télé est bien inoculé. Attendant son heure, Dorothée devient touche-à-tout: doublure lumière, animatrice dans les supermarchés... En 1977 la revoici sur le petit écran. Comme speakerine. Puis Jacqueline Joubert, qui n'a pas cessé de croire en elle, lui propose d'animer une nouvelle émission pour enfants: Récré A2 mercredi. « Pour Jacqueline, c'était un formidable pari vu les moyens dérisoires mis à sa portée. On a démarré avec trois fois rien, courant les autres plateaux pour emprunter des bouts de ficelle! ».
Les gosses adorent et la formule et Dorothée, pour elle, c'est le début de la consécration. Films, disques, comédies musicales... sa vie devient un véritable tourbillon.

La concrétisation d'un rêve
En avril 1981, c'est l'Olympia avec « Dorothée au pays des chansons »... « Un merveilleux aboutissement... la concrétisation d'un rêve. Quand on adore les enfants, il n'est rien de plus exaltant que de les sentir vibrer de tout leur coeur dans une salle Leurs bravos, leurs cris, quel cadeau!» Elle revivra cette formidable expérience avec « Dorothée tambour battant » en 1982, avec « Pour faire une chanson » qu'elle promène à travers toute la France en 1983... Année au cours de laquelle elle vendra quatre millions de disques! Disques d'or, disques de platine elle collectionne. Apparemment tout cela ne lui est pas monté à la tête. Prendre son boulot au sérieux, d'accord. Se prendre au sérieux, pas question. « Ce n'est pas dans ma nature, moi, je m'amuse beaucoup dans la vie n'arrivera jamais, le jour où j'irai sur un plateau de télé ou sur une scène avec des souliers de plomb... J'aurai raccroché avant Je respecte trop les gosses que pour chercher à les tromper D’illeurs, ils ne seraient pas dupes! Entre eux et moi, c'est une véritable histoire d'amour t ils m'amusent... c'est fou! Avec eux, je peux faire des bêtises, jouer à cache-cache. Alors que les adultes m'obligent, par leur attitude, à jouer à l'adulte... »
Autres passions dans sa vie, les peluches et les animaux. Son petit bout de chien, Roxan, l'accompagne partout. Lui aussi aime les peluches (il a tout de suite sympathisé avec Mic et Miquette...) et s'en sert comme oreillers. Alors que sa maîtresse n'apprécie pas beaucoup les objectifs des photographes (« Attention, j'ai un problème de profil... Mic et Miquette aussi apparemment. Je veille, faites-moi confiance!»), lui prend volontiers la pose.


L'imaginaire, l'amour de la vie...
Sur le bureau de Dorothée, du courrier, des dessins, des petits cadeaux envoyés par ses jeunes admirateurs. « Regardez! Un bracelet, une peluche miniature, une barrette pour les cheveux... ils y tiennent à ces choses, j'en suis sûre, pourtant ils m'en font cadeau, n'est-ce pas adorable? »
Revenant à notre BD et à la mini-calculatrice, la souriante Dorothée confesse : « Je n'y connais absolument rien, n'étant pas le moins du monde attirée par les ordinateurs. Complexe du bouton? Sans doute. Mes parents m'ont toujours interdit de toucher à la radio, à l'électrophone... ça m'a beaucoup marquée! Pour les gosses, c'est évidemment une ouverture extraordinaire et nécessaire sur le monde d'aujourd'hui, sur l'avenir. Je crains une chose cependant: que ces petites machines sophistiquées les fassent vieillir avant l'âge, les rendent trop sérieux... Je crains qu'ils perdent, dans cette aventure, un peu de leur folie, de leur imagination. Tout ce qui fait que je les adore. Lorsque j'aurai des gosses, je veillerai à préserver en eux cette part d'imaginaire sans laquelle il n'est pas d'évolution harmonieuse. S'il est une chose que je chercherai à leur transmettre de toutes mes forces, c'est l'amour de la vie. »


MARGRET JARRY

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« Comme ils sont drôles! Les gosses vont adorer...

Et apprendre des tas de choses intéressantes.

Appareils, pas touche! C'était le mot d'ordre à la maison.

J'ai développé le complexe du bouton!

L'informatique, l'imaginaire : trouver la juste mesure... ».

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