Dorothée - De retour pour faire trembler Bercy
Tribu Move - Décembre 2010
Le 27 août 1997, le Club Dorothée fermait définitivement ses portes laissant orphelins ses quelques millions d'adhérents ainsi que ses célèbres animateurs : Ariane, Jacky, Corbier, Patrick et bien sûr Dorothée. Réclamée à cor et à cri par un réseau de fans particulièrement actifs, l'icône de toute une génération a décidé de rompre le silence en faisant, pour de bon, son retour sur les écrans (la chaine IDF1), dans les bacs (le 13 décembre sortiront un double C.D. incluant le nouvel album « Dorothée 2010 » et un « Best Of » ainsi que le DVD du concert « Dorothée à L'Olympia »), mais aussi sur une scène qu'elle connait mieux que personne : Bercy ! Pour la 57ème fois de sa carrière - ce qui constitue un record inégalé en France - Dorothée y donnera un concert le samedi 18 décembre. Une avant-première aura également lieu au Zénith de Lille le vendredi 17 décembre. L'inoubliable interprète de « Maman » ne viendra pas seule : Hélène, Sébastien Roch, Jacky, Corbier et Nicky Larson seront également de la partie ! À cette occasion, l'héroïne du cultissime « Pas De Pitié Pour Les Croissants » a accepté de répondre à toutes nos questions lors d'un tête-à-tête aussi instructif qu'émouvant ! Une chose est sûre : Dorothée n'est vraiment pas prête de perdre ses millions de copains...
Lorsque tu étais petite fille, qui était ta « Dorothée » ?
À l'époque, il n'y avait pas vraiment d'émission télévisée pour la jeunesse. Il y avait « Rintintin », « Le Théâtre De la Jeunesse » avec Claude Santelli... Plus tard, il y a eu « Disney Dimanche » avec Pierre Tchernia. Mais de toute manière, mon père ne voulait pas que je regarde trop la télé.
Tu t'es bien rattrapée par la suite I D'ailleurs, à quel moment as-tu vraiment réalisé l'ampleur de ton succès ?
Je n'ai jamais vraiment réalisé pour la simple et bonne raison que les chiffres ne m'intéressaient pas. Pour moi ce qui comptait, c'était d'avoir des salles pleines et des émissions regardées. Il faut dire que le Club Do était une telle folie, un tel tourbillon qu'il était impossible de sortir la tête de l'eau et de se rendre compte de quoi que ce soit... Mais il est vrai que lorsque je regarde des émissions qui me sont consacrées, je suis toujours étonnée par tout ce que l'on a pu faire. Ce qui fait que lorsque l'on se pose ça fait du bien de pouvoir remettre les pendules à l'heure !
Finalement, au fond de toi, n'espérais-tu pas l'arrêt du Club Dorothée pour enfin pouvoir te poser ?
Sincèrement ? Non I Naturellement, je savais qu'un jour le Club Do allait s'arrêter. On ne sait jamais comment ni quand ; on sait juste que cela se passe de manière assez abrupte et soudaine. Dans mon cas, je regrette seulement de ne pas avoir été prévenue plus tôt pour tout simplement dire « Au revoir » de la manière que j'aurais souhaité. En cela, l'arrêt du « Club Do » est une blessure qui ne se refermera jamais. Je suis fière d'avoir vraiment contribué à prendre
le jeune téléspectateur comme un spectateur à part entière, pas seulement en ouvrant le dévidoir à dessins animés comme on peut le voir aujourd'hui. Pour être honnête, après notre arrêt, j'ai l'impression que l'on a pris le public pour des... Tu mettras ce que tu veux comme mot I (Rires). Quelque part, c'est réduire à néant tout le travail qui a été le nôtre pour humaniser l'antenne. Cela ne me plaît pas du tout de voir qu'aucun animateur n'a pris le relais après nous ! Il faut croire qu'aucun patron de chaîne n'a eu le courage de tenter l’aventure…. En même temps, passer après cinq zigotos comme nous n'était pas évident ! (Rires).
Des zigotos qui essuyaient à longueur donnée des flots de critiques particulièrement violents... Comment fait-on pour se protéger ? Y avait-il d'un côté Dorothée et de l'autre Frédérique (NDLR : le véritable prénom de Dorothée) ?"
Non, je n'ai jamais été schizophrène I (Rires). En plus je suis une vraie flemmarde, la Dorothée à l'antenne et dans la vie, c'est la même I Je ne me suis jamais fatiguée à me dire : Maintenant je suis Dorothée, tout à l'heure je redeviendrai Frédérique ! Il était donc impossible de vraiment se protéger des critiques... J’en al donc pris plein les dents | Cependant, le fait d'être en groupe m'a beaucoup aidé : on était tous vraiment très soudés et lorsque les critiques devenaient un peu trop violentes, les copains montaient au front.
Après l'arrêt du « Club Do », tu n'as pas du tout chômé : tu as sorti un single en 1998, « Je Ne Vous Ai Pas Oublié », et tu avais des projets à la télé
Oui, c'est vrai. Concernant le single, ça n'a tout simplement pas pris ! Je ne sois pas trop pourquoi d'ailleurs... Tout comme deux projets de chaines TNT qui n'ont pas été acceptées par le CSA. C'est dommage. Avec Pat Le Guen, on s'est également amusés à tourner le pilote d'une émission de cuisine. Là encore, sons grand résultat. On me disait : Les émissions de cuisine ? Ça ne marchera jamais. Aujourd'hui quand je vois leur succès, je bois du petit lait I Par contre, j'aurais vraiment bien aimé reprendre le rôle de Gérard Klein dans la série L’instit, mais des personnes ne voulaient visiblement pas... Tant pis !
Comment os-tu vécu ton retour fracassant à L’Olympia ?
C'était totalement incroyable ! Les copains m'ont réservé un accueil vraiment inoubliable. C'est le public qui a mis l'ambiance, je n'ai fait que suivre. Le plus dur était en fait de ne pas être submergée par l'émotion... Je n'ai d'ailleurs toujours pas atterri ! Je commence déjà à stresser de rechanter à Bercy.
Par moment, on se serait cru à la Goy Pride alors comment expliques-tu ce succès auprès des gays ?
Je ne l'explique pas, c'est d'ailleurs justement ce qui est beau I Cette communion ne se fabrique pas, c'est un élan du cœur sincère et surtout très fidèle. Je sais juste que je les aime bien et, qu'eux aussi, m'aiment bien.
Ce qui est paradoxal, c'est que tu as certainement l'un des répertoires les plus hétéronormés de la variété française. La synthèse figure même dans ton dernier album : « Les filles aiment les garçons. »
Tu sais, il n'y a pas beaucoup de messages dans mes chansons... le but est de tout simplement passer un bon moment et de retenir une mélodie. Après chacun y prendra ce qu'il voudra I En même temps, je n'en suis pas l'auteure, mois seulement l’interprète. Je pense que chacun traduira les paroles en fonction de sa propre sensibilité. Pour être honnête, je ne me suis jamais vraiment posé la question et puis, entre nous, Nicolas et Marjolain (NDLR : en référence à son tube Nicolas Et Marjolaine »), ça poserait quelques problèmes pour trouver de jolies rimes... Franchement, c'est si important que cela ?
N'es-tu pas tout simplement condamnée à représenter une sorte de poupée idéale, asexuée et sans aucune aspérité ?
Encore une fois, ce qui compte vraiment pour moi c'est la famille et les amis. Les amours et les emmerdes, c'était plutôt Charles Aznavour I (Rires). Ma nature n'est pas de m'exhiber, de faire la folle : ça ne me plait pas. Je n'ai donc pas l'impression de me priver ou de me censurer. Mais pour être clair : tout ce qui concerne ma vie privée, c'est mon jardin à moi !
As-tu un avis sur l'homoparentalité ?
Si les enfants sont aimés et choyés, pourquoi pas ? Si un couple gay a envie d'avoir un enfant pour s'en occuper du début de sa vie jusqu'à la fin, je ne vois vraiment pos le problème ! De là à faire du prosélytisme aux côtés d'une association, je ne pense pas, tout simplement parce que je suis une grande flemmarde I Chacun devrait pouvoir faire ce qu'il a envie. Mon avis ne compte pas !
Quel serait l'avis de lo petite fille que tu as été sur la méga-star que tu es devenue ?
Elle lui dirait : Tu as vraiment été bête d'avoir été timide aussi longtemps. La timidité, c'est vraiment l'enfer... Quant à moi, j'en profite pour souhaiter de bonnes fêtes à tous les lecteurs de Tribu Move ainsi qu'un Joyeux Noël !